Passer d'une manière de jeter où l'objet disparaît à une élimination des déchets où l'objet est facteur d'activité économique et continue sa vie, à un "jeter intelligent à la source" en quelque sorte, est un objectif que se donnent un nombre croissant de collectivités locales mais qui se heurte à des difficultés dont certaines concernent la mobilisation des usagers. Car dans ce domaine comme dans d'autres, il existe un fossé entre les déclarations de principe, qui relèvent d'un wishful thinking, et la négligence en matière des déchets dont témoigne la pratique quotidienne en France par opposition à celle de nos voisins d'Europe du Nord. Le changement de comportement vis-à-vis des déchets, la manière de jeter, implique l'intériorisation d'une vision systémique des interactions entre les divers déchets et l'environnement. Cela suppose un débat social, des campagnes d'information et de sensibilisation. Alors que les connaissances acquises sur les déchets et leurs effets sur les milieux physiques et vivants sont considérables et que les démarches technologiques sont largement maîtrisées, en revanche les approches concernant les pratiques et les représentations des acteurs à l'égard des déchets et des formes de collectes sont peu développées, de même que manquent des bilans et évaluations de la première vague d'expériences des années 60-70, des collectes sélectives ou des expérimentations en cours. Les études en sciences sociales devraient permettre d'identifier les ressorts de la mobilisation et les moyens de rendre attractif et fiable le tri sélectif des déchets.