Résumé : Jusqu’aux années 1980, le Rhône a été géré par une alliance entre hauts fonctionnaires d’État et acteurs industriels, sans considération particulière pour l’environnement. La gouvernance du fleuve tend ensuite à se fragmenter entre secteurs et entre territoires (acteurs de l’industrie hydroélectrique, du tourisme, de l’environnement, de la navigation, collectivités locales, etc.). De manière quelque peu surprenante au regard de la trajectoire de gouvernance du Rhône et de sa fragmentation actuelle, un large accord existe aujourd’hui autour de l’idée de restauration écologique. Analysant la restauration écologique comme un récit d’action publique (policy narrative), cet article cherche à comprendre comment cet accord a pu émerger et tente en même temps d’en qualifier la nature. Pour cela, il propose de mobiliser, à l’appui de l’analyse discursive, des éléments de la sociologie de la traduction de Michel Callon.