RAPPORT FINAL DU PROJET ADAMONT IMPACTS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE ET ADAPTATION EN TERRITOIRE
Résumé
OBJECTIFS - Le projet AdaMont, soutenu par le programme Gestion des Impacts du Changement Clima-tique (GICC) et l’Observatoire National des Effets du Réchauffement Climatique (ONERC), a été réalisé de 2015 à 2017. Conformément aux attendus du programme GICC, le projet s’est intéressé à caractériser et à projeter les impacts du changement climatique pour un territoire, et à proposer une méthodologie d’approche intégrée de l’adaptation au changement climatique à l’échelle de ce territoire, dans une dé-marche participative et pluridisciplinaire.
MONTAGNE – Le choix du terrain s’est porté sur les massifs et Parcs Naturels Régionaux (PNR) des Préalpes, des territoires de moyenne montagne très sensibles et déjà impactés par le réchauffement cli-matique. Ces massifs offrent une large palette de milieux et de climats le long de gradients d’altitude, d’exposition, de latitude et de pression urbaine. Ils sont également des terrains privilégiés d’observation et de recherche, en lien avec les PNR et les autres parties-prenantes de ces territoires. L’analyse porte sur les principales ressources de ces massifs et activités de gestion rattachées aux secteurs agricole, forestier, touristique, de la gestion de l’eau et des risques naturels.
PARTENARIAT - Le projet est mené en partenariat entre Irstea, le Centre National de la Recherche Météo-rologique et les Parcs Naturels Régionaux du Vercors et des Préalpes. Il s’appuie également sur un large partenariat de terrain. Côté recherche, le projet mobilise une part importante du collectif du centre Irstea de Grenoble, au carrefour des trois domaines disciplinaires et d’application qui y sont développés : sciences sociales et territoires, écologie et écosystèmes de montagne, géosciences et risques naturels. Le projet s’interface aussi avec les nombreux projets de recherche existants ou en développement sur le changement climatique à l’échelle de la Communauté Université Grenoble Alpes, ainsi qu’avec différents projets de recherche nationaux, interrégionaux et européens menés dans le centre.
PARTICIPATION - Le travail participatif et de co-construction autour de regards croisés constitue un fon-dement essentiel du projet AdaMont. Les ateliers participatifs ont rassemblé plus de 150 personnes, en-trepreneurs et gestionnaires, experts et chercheurs, chargés de mission et responsables territoriaux. Ils ont permis de recueillir et de capitaliser les connaissances tout en portant attention à la pratique des ges-tionnaires de terrain.
CONNAISSANCE – Malgré le choix de terrains d’étude bien connus des chercheurs, les connaissances scientifiques et quantifiés sur les impacts et les vulnérabilités au CC restent encore insuffisantes pour permettre une approche quantifiée. La mise en place d’une approche participative et qualitative a consti-tué la base du rassemblement et de la structuration d’un ensemble cohérent sur la base de connaissances de différentes natures, scientifiques, expertes et pratiques, permettant de travailler dans des terrains peu documentés.
COMMUNICATION – Plusieurs actions et supports de sensibilisation et de communication ont pu être élaborés en soutien et en valorisation de la démarche, touchant plusieurs centaines de personnes et tout type de public. Différentes initiatives sont en cours pour poursuivre cette diffusion des informations sur l’adaptation au CC, avec par exemple la mise en place d’un parcours de géocaching.
APPROCHE SYSTÉMIQUE - Un cadre d’analyse systémique mis en place sur la base d’un travail pluridisci-plinaire structure l’ensemble de la démarche méthodologique, coeur du projet. Au regard de l’ampleur de la problématique à aborder, l’approche se base pour l’essentiel sur des « focus » permettant de tester la faisabilité et la pertinence de différentes méthodes et outils pertinents pour cette approche systémique. Ils renvoient alors vers d’autres questions ou projets de recherche.
CLIMAT - La mise au point d’une méthode de régionalisation des projections climatiques a généré des données adaptées aux massifs montagneux pour trois scénarios contrastés du GIEC. Ces projections cli-matiques ont été mobilisées comme données d’entrée des ateliers participatifs pour étayer la caractérisa-tion des aléas et des perturbations climatiques. Elles ont aussi servi à initier et développer des projets de recherche sur la modélisation des impacts du changement climatique sur les ressources naturelles et les activités économiques en montagne, et tout particulièrement sur la neige et le tourisme de neige.
AdaMont : Rapport final (mai 2018) Page 11
IMPACTS - Le projet AdaMont s’est donné comme objectif de mener une caractérisation approfondie et la plus exhaustive possible des conséquences du changement climatique pour les territoires étudiés depuis l’aléa climatique, les perturbations et impacts associés, jusqu’aux pratiques d’adaptation, en associant synthèse de l’état de l’art, informations recueillies lors des ateliers et modélisation.
VULNÉRABILITÉS - La question de la sensibilité et des vulnérabilités des territoires au changement clima-tique est abordée avec l’objectif de développer une approche « enrichie » de diagnostic de la vulnérabilité des territoires, spatialisée et fonctionnelle. Le travail a été initié autour de trois focus : enseignements du travail participatif pour la caractérisation des vulnérabilités, vulnérabilités associées aux réseaux de trans-port ; vulnérabilités au prisme des socio-écosystèmes.
SYSTÈME DE MANAGEMENT DE L’ADAPTATION – La diversité et la complexité des modalités d’adaptation possibles à mettre en oeuvre dans un territoire de moyenne montagne est décrite par une approche « processus », dans le cadre d’un « système de management de l’adaptation » ou « SMA », dé-rivé des approches classiques des systèmes de management de la qualité « SMQ ». L’objectif principal de ce « SMA » est de faire communiquer les différents métiers au travers de leur activité d’adaptation au changement climatique, afin de pouvoir raisonner cette adaptation de façon intégrée à l’échelle du terri-toire.
MODÉLISATION INTÉGRÉE - Un important travail de modélisation formelle par langage UML a été effec-tué dans le but de capitaliser, de structurer et de mettre en relation les informations recueillies dans le projet, afin de proposer une modélisation intégrée du système d’adaptation à l’échelle d’un territoire de moyenne montagne. Cette modélisation intégrée repose sur une représentation du système territorial d’adaptation en trois couches d’information se référant à la chaîne impacts / vulnérabilités / adaptations. Le modèle obtenu est appelé « MAIA » pour « Modélisation Améliorative et Intégrée de l’Adaptation ». Il peut être interfacé avec d’autres approches de modélisation spécialisées.
CAS D’ADAPTATION – Le travail d’intégration s’est fait par alignement entre les différents référentiels utilisés dans l’approche intégrée du système de management de l’adaptation « SMA ». Cet alignement a été effectué par la mise en place d’un cadre d’analyse stratégique et de mise en oeuvre de l’adaptation appelé « ZOE » pour « Zone de mise en OEuvre ». Il a débouché sur la définition d’un concept et objet pi-vot appelé « cas d’adaptation ». Sur la base des travaux menés dans le Vercors, 28 cas d’adaptation ratta-chés à 5 enjeux principaux et déclinés dans 265 activités d’adaptation de référence ont ainsi pu être iden-tifiés, mobilisant 52 fonctions en support de ces activités.
BASE DE DONNÉES – Une base de données physique liée au modèle intégré, appelée « MAIA-DATA » a été mise en place afin de pouvoir capitaliser et mettre à disposition l’ensemble des informations ainsi recueillies et formalisées. Cette base de données sur l’adaptation est définie de façon assez générique pour être applicable sur d’autres types de territoires, et peut être enrichie de façon continue et dyna-mique. Elle constitue en ce sens un observatoire de l’adaptation, ainsi qu’un outil d’aide à la décision en aidant à identifier les différentes voies et bonnes pratiques d’adaptation. Elle permet également de révé-ler les interactions et les effets leviers entre les différentes stratégies et activités d’adaptation.
TRANSFERT - La mise à l’épreuve du système de management de l’adaptation reste à faire sur le terrain. Les premières implémentations opérationnelles montrent néanmoins la capacité de la démarche d’ensemble à donner un cadre formel et intégré qui permette à la fois de capitaliser la connaissance de façon participative et progressive, mais aussi de révéler la réponse adaptative d’un système territorial aux perturbations climatiques à même de contribuer aux processus de décisions des différentes parties inté-ressées.
SERVICES CLIMATIQUES - L’approche développée est aussi porteuse de propositions pour les autres types de territoires et pour la conception de « services climatiques » afin d’accompagner les territoires dans leurs pratiques et politiques d’adaptation au changement climatique.
Mots clés
Changement climatique
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organisations apprenantes
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territoires non urbains
Préalpes
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