Gérer les inondations à l'échelle du bassin versant : une évidence théorique, des difficultés pratiques
Résumé
Politiques, scientifiques et opérationnels s'accordent à présent sur la nécessité d'une gestion intégrée du risque d'inondation à l'échelle du bassin versant. Cette formulation est en fait le fruit de longues réflexions, en France et ailleurs. En effet, il a fallu renoncer à « lutter » contre les inondations pour envisager de les « gérer », s'accorder sur la définition du risque, imaginer des méthodes de diagnostic du risque, organiser des structures permettant de raisonner à l'échelle du bassin versant... Concrètement, il faut définir une stratégie coordonnée, en jouant sur les deux volets du risque d'inondation, l'aléa et la vulnérabilité. Chacun d'eux est un champ d'investigation passionnant. Le diagnostic objectif des dommages est également un sujet complexe : il faut évaluer les dégâts, mais aussi les dommages indirects -pertes d'exploitation...-, et toutes les autres conséquences non immédiatement monétarisables des inondations et des aménagements. L' « économie écologique » est par exemple une discipline en plein essor, qui ne va pas sans controverses. Nous nous intéresserons plus spécifiquement aux actions portant sur l'aléa, au service de cette stratégie globale. Nous avons besoin d'une méthode de diagnostic d'efficacité d'un aménagement, à l'échelle du bassin, pour en évaluer la pertinence et comparer des solutions. Nous examinerons quelques questions cruciales : comment définir les objectifs de l'aménagement, quels sont les choix techniques possibles, faut-il modéliser tout le bassin versant et comment, quels sont les indicateurs d'efficacité pertinents et comment les représenter de manière claire. Nous illustrerons par quelques méthodes déjà opérationnelles ou en cours de développement. Nos travaux conduisent à formuler des recommandations, les principales étant que le diagnostic doit être fait à l'échelle du bassin et sur une gamme d'événements représentatifs du régime et de sa variabilité, et que l'analyse coût-bénéfice est un outil précieux pour de définir des indicateurs objectifs, éventuellement spatialisés, particulièrement utiles comme aide à la décision.