L’holobionte vigne, un levier biologique pour lutter contre les dépérissements ?
Résumé
Le concept d’organisme pluricellulaire isolé montre actuellement ses limites. En effet, un
organisme interagit avec différentes communautés microbiennes (constituant son microbiote)
qui modulent ses propriétés, telles que sa physiologie (ex. réponse à une attaque pathogène).
L’association hôte-microorganismes définit un holobionte, dont le fonctionnement est influencé
par la dynamique spatio-temporelle de leurs interactions. Ainsi, un dysfonctionnement de
l’holobionte vigne (par exemple lié à des pratiques culturales inadaptées ou aux changements
climatiques) pourrait entraîner le développement de maladies ou de désordres physiologiques,
sources de dépérissements, de la même manière que l’altération du microbiote observée dans
certaines maladies humaines (ex. maladies coeliaques). L’analyse des communautés de
microorganismes associées à un végétal a été jusque récemment limitée, car la plupart des
microorganismes n’est pas isolable et cultivable in vitro. De nouvelles techniques (nommées -
omics) permettent dorénavant de définir les caractéristiques taxonomiques et fonctionnelles (ex.
génome, métabolome et protéome) du microbiote total (bactéries/champignons cultivables ou
non) associé à une plante. Dans le cadre du projet Holoviti, nous cherchons à caractériser le
rôle des microbiotes dans l’homéostasie de la vigne en comparant l’holobionte de ceps sains et
affectés par un dépérissement (Esca, court-noué ou lié au 161-49C). L’un de nos objectifs est
de définir des bio-indicateurs taxonomiques et fonctionnels (végétaux et microbiens) de l’état
sanitaire de l’hôte. À terme, la « manipulation » de la composante microbienne de l’holobionte
pourrait permettre d’améliorer les services écosystémiques qu’il remplit, comme la résistance
à des agents pathogènes ou à des stress abiotiques.