Dans le cadre d’une recherche menée avec quatre équipes de lycées agricoles sur la reconception d’un dispositif produit par la recherche agronomique appelé, MYMYX (« Mimic mycorrhizal networks »), nous avons observé les usages et les appropriations de cet outil dans des situations d’enseignement en mobilisant l’approche instrumentale proposée par Rabardel (1995). Le projet a été mené avec et auprès d’enseignants de lycées agricoles, dans différents établissements à travers la France dans le contexte du plan « Enseigner à produire autrement » (EPA) enjoignant les équipes pédagogiques à penser une transition pédagogique pour le mettre en œuvre (Mayen, 2013). Dans ce cadre, nous avons pu mettre en évidence le double processus engagé lors de la re-conception : le processus d’instrumentalisation correspondant à la transformation de l’artefact, ici MYMYX, au cours des usages par les enseignants et le processus d’instrumentation, à savoir ce que l’usage de l’artefact fait au sujet, ici l’enseignant. Nous proposons d’expliciter ces processus, en montrant la modification de l’artefact et en caractérisant comment un enseignant peut, dans l’expérimentation d’une nouvelle ressource être amené à remettre en cause les connaissances qu’il « tenait pour vrai » et la manière d’aborder avec les élèves certains processus biologiques et agronomiques. Nous proposons, pour ce faire, de mobiliser et analyser quelques exemples d’utilisation de MYMYX en classe pour rendre compte des transformations de l’activité des enseignants que produit l’usage de l’artefact amenant parfois à une re-conception de ce dernier. En observant les formes d’appropriation de cette ressource par les enseignants, nous pouvons ainsi renseigner le « travail de transposition mis en œuvre par les enseignants » (Chrétien, 2019), et les conditions singulières dans lesquelles elle s’est opérée. Le travail de transposition questionne in fine l’accompagnement potentiel qui pourrait amener les enseignants à s’engager dans le plan EPA. Le développement d’une activité qui consisterait à « enseigner autrement pour produire autrement » s’accompagnerait donc d’une transition professionnelle (Masdonati et Zittoun, 2012).