L’avifaune constitue un élément important de l’éco-épidémiologie de différentes infections vectorielles zoonotiques. Les maladies à tiques ne font pas exception, notamment pour ce qui concerne la borréliose de Lyme. Dans ce cadre, Borrelia garinii, dont les oiseaux constituent un réservoir majeur, est une des bactéries les plus fréquemment rapportées en Europe, impliquée notamment dans les neuroborrélioses. Par ailleurs, les oiseaux sont des hôtes importants pour différentes espèces de tiques généralistes comme Ixodes ricinus, mais aussi pour des espèces plus spécialisées telles qu’I. frontalis, dont les hôtes principaux sont les Turdidae (merle, grives...), les Corvidae (geai), les Columbidae (tourterelle turque) et d’autres espèces de passereaux (rouge-gorge, fauvettes, pinson, moineaux…). Bien qu’elle soit largement répandue en Europe, la biologie de cette espèce reste mal connue car elle est rarement collectée en dehors de ses hôtes, sur la végétation. Suite à nos découvertes concernant la phénologie des larves d’I. frontalis (pic en novembre-décembre, cas unique pour ce stade parmi les tiques européennes ; Agoulon et al. TTBD 2019) et l’omniprésence de l’espèce dans un biotope semblant la concentrer au sein des agro-socio-écosystèmes (les bosquets de bambous ; Plantard et al. TTBD 2021), nous avons mis en place un protocole dédié pour collecter les nymphes de cette tique. Un suivi mensuel a ainsi été mené dans 4 sites en France (2 sites près de Nantes, 1 près de Paris et 1 près de Montpellier) entre juillet 2020 et janvier 2022 afin d’estimer leur densité. Nous avons ainsi pu collecter 407 nymphes d’I. frontalis montrant clairement un pic en mars. Lors de la discussion, nous examinerons ces résultats à la lumière de nos connaissances sur les déterminants des cycles biologiques des différentes espèces du genre Ixodes et nous discuterons de ces conséquences sur l’éco-épidémiologie des maladies à tiques impliquant les oiseaux.