Objectifs : La fibrillation auriculaire postopératoire (FAOP) est une complication majeure après chirurgie cardiaque, et une introduction postopératoire précoce de bêta-bloquants est recommandée pour réduire son incidence. Landiolol, un nouveau bêta-bloquant intraveineux à courte durée d'action, pourrait présenter un profil macrohémodynamique utile et sûr après une chirurgie cardiaque. Les effets métaboliques et hémodynamiques détaillés du landiolol sur les performances cardiaques restent cependant mal documentés. Les auteurs visaient à étudier les effets hémodynamiques et métaboliques dose-dépendants du landiolol dans ce contexte spécifique. Conception : Une étude prospective, randomisée, en double aveugle versus placebo. Cadre : Un hôpital universitaire tertiaire. Participants : Patients adultes programmés pour une chirurgie cardiaque élective avec circulation extracorporelle. Interventions : Des doses incrémentielles de landiolol intraveineux (0,5, 1, 2, 5 et 10 μg/kg/min) ont été administrées dans les 2 heures suivant l'arrivée à l'unité de soins intensifs. Les paramètres macrocirculatoires et les performances cardiaques ont été dérivés de la thermodilution transpulmonaire et de l'échocardiographie transthoracique. Les données métaboliques ont été obtenues à partir de tests sanguins artériels. Mesures et principaux résultats : De janvier à novembre 2019, 58 patients ont été analysés et répartis en un groupe landiolol (n=30) et un groupe contrôle (n=28). La fréquence cardiaque a significativement diminué dans le groupe landiolol (p < 0,01), tandis que la pression artérielle moyenne et le volume d'éjection systolique sont restés inchangés. Aucune modification significative n'a été trouvée dans les performances systolique et diastolique gauche et droite. Les variables métaboliques étaient similaires dans les deux groupes. Une FAOP d'apparition récente est survenue chez 9 (32 %) contre 5 (17 %) patients dans les groupes contrôle et landiolol, respectivement (p = 0,28). Conclusions : La perfusion de landiolol dans la plage de 0,5 à 10 μg/kg/min au cours de la période postopératoire précoce présente un bon profil d'innocuité macrohémodynamique chez les patients en chirurgie cardiaque et pourrait être utile pour prévenir la FAOP.