Troisième pays producteur de bauxite à l’échelle mondiale et premier pays exportateur, la Guinée Conakry, est devenu incontournable pour l’approvisionnement en bauxite des grands producteurs mondiaux d’alumine et d’aluminium. Amorcée véritablement en 1973, l’extraction de la bauxite guinéenne ne cesse d’augmenter et apporte à l’État guinéen des recettes considérables. L’importance de ces revenus résulte d’une politique étatique visant à attirer des investissements étrangers pour faire de la bauxite le moteur de la croissance économique et du développement de la Guinée. Cependant, l’accroissement continu du taux de pauvreté dans le pays (55,2% en 2012, 61,9% en 2016 ), la multiplication des conflits opposant les communautés locales et les entreprises minières ainsi que l’échec d’une politique de transformation de la bauxite sur place entraînent une remise en cause du projet gouvernemental. La vision d’une bauxite érigée en moteur d’une indépendance politique et économique fait ainsi l’objet de vives controverses quant aux effets des mines dans l’augmentation des inégalités sociales et environnementales dans le pays. A partir d’une étude de documents et d’entretiens menés en Guinée et notamment dans trois villes de la région de Boké, nous proposons de discuter dans cette communication les tensions entre les visions antagonistes associées à l’exploitation de la bauxite et portées par l’État d’une part et les communautés locales d’autre part.