Pseudochromhidrose rouge du visage
Abstract
Introduction
La pseudochromhidrose (PCH) est une anomalie dermatologique rare caractérisé par la coloration de la sueur et par conséquent de la peau sous l’effet de pigments exogènes. Nous rapportons le cas d’une enfant au visage rouge vif dont l’anamnèse a permis de suspecter une PCH.
Observations
Une enfant de 8 ans, sans antécédent, consultait pour l’apparition rapidement progressive depuis 15 jours d’une coloration rouge du visage, asymptomatique. Cette coloration était homogène, localisée aux 2 joues, à limites floues. Il n’y avait ni topique ni maquillage appliqués, pas de photosensibilité, ni modification des habitus ou de prise médicamenteuse récentes. Le reste de l’examen clinique était normal, il n’y avait pas d’hypersudation. L’enfant rapportait une coloration rouge de son matériel de toilette et de sa housse de coussin au réveil. L’examen dermoscopique des joues montrait des dépôts de pigments rouges cutanés et le frottement des joues à l’aide d’une compresse sèche retrouvait une coloration rosée du tissu. La première hypothèse évoquée était celle d’une simulation par l’application d’un cosmétique. Cependant, malgré un nettoyage quotidien efficace par sa maman, les lésions récidivaient après 15 minutes, sous sa surveillance. Le diagnostic de PCH rouge du visage était alors suspecté, puis confirmé par l’efficacité d’un traitement par érythromycine gel avec guérison complète des lésions après 15 jours d’utilisation et absence de récidive.
Discussion
La PCH est une anomalie dermatologique rare caractérisé par la coloration de la sueur et par conséquent de la peau sous l’effet de pigments exogènes. Ces pigments sont variés : caroténoïdes (pigments terpénoïdes), mélanine, alcaloïdes, porphyrines, sidérophores et flavines qui donnent lieu à des sueurs de différentes couleurs. L’origine de ces pigments est majoritairement bactérienne (bactéries chromogènes), comme Bacillus spp. (couleur bleue), Corynebacterium spp. (brun/noir), Serratia marcescens (rouge/rose), et Pseudomonas aeruginosa (couleur bleu-vert). Certains médicaments peuvent induire une PCH possiblement via leur action sur le pH et la microflore cutanés. Une vingtaine de cas de PCH bactériennes sont ainsi rapportés dans la littérature, dont 6 sous la forme d’un visage rouge. Le rendement des prélèvements bactériologiques cutanés est cependant faible. Néanmoins, même en l’absence de prélèvements bactériologiques positifs, l’antibiothérapie constitue un test thérapeutique. Les macrolides par voies orale ou topique semblent être le traitement le plus efficace dans les cas de PCH avec ou sans identification bactériologique, permettant une guérison complète quasi-systématique (un seul cas d’échec dans la littérature). L’absence d’efficacité doit faire rechercher une chromhidrose (sécrétion de sueur colorée par les glandes apocrines ou eccrines).
Conclusion
Un visage rouge de l’enfant doit faire évoquer une PCH, diagnostic méconnu et pourtant facile à traiter !