Suite notamment à l’interdiction des fumigants chimiques, les dommages aux cultures liés aux bioagresseurs du sol augmentent dans les fermes maraîchères sous abris du Sud-Est de la France. La combinaison de techniques alternatives de contrôle des bioagresseurs est nécessaire. Elle est rendue difficile par les verrouillages existants au niveau de la ferme (ex : investissements), de son environnement sociotechnique (ex : débouchés) et d’un manque de partage de connaissances sur les techniques et leurs moyens de mise en œuvre. Un apprentissage croisé et une réflexion collective et systémique apparaissent nécessaires pour résoudre ce problème complexe, multi-échelle et multi-acteur, en engageant maraîchers, conseillers agricoles, chercheurs et parties-prenantes de la gestion des bioagresseurs (ex : grossistes). Afin d’accompagner ce processus, nous avons créé un plateau de jeu représentant une ferme réelle et l’ensemble des éléments du système ferme-environnement sociotechnique susceptibles d’influer sur le contrôle des bioagresseurs du sol (ex : successions de cultures, débouchés commerciaux). Après présentation générale des techniques alternatives, le jeu débute par un diagnostic de l’ensemble des éléments augmentant le risque de dommage sur les cultures. Puis, à tour de rôle, chaque joueur propose un changement technique visant à contrôler les bioagresseurs et le représente grâce à des cartes. Chaque proposition donne lieu à des échanges et une réflexion sur la mise en œuvre précise des techniques, de la parcelle à l’environnement sociotechnique de la ferme. Ce jeu, joué par deux groupes d’acteurs, a servi (i) à l’appropriation par les joueurs des connaissances sur les techniques présentées en amont, (ii) à les sensibiliser à une approche systémique multi-échelle de la gestion des bioagresseurs et (iii) à décider collectivement de stratégies de gestion des bioagresseurs adaptées au contexte de la ferme. Enfin, des marges d’amélioration du jeu en termes d’ergonomie et de facilitation de la créativité ont été identifiées.