Lorsque l’expérimentation échoue : comprendre pourquoi les agriculteurs ne pouvaient pas s’engager
Abstract
Sur les plateaux de Bourgogne de l’Yonne, les agriculteurs qui pratiquent l’assolement colza-blé-orge sont confrontés à des difficultés sur la culture du colza, en raison des résistances aux insecticides des insectes ravageurs (Robert, 2016). Ceux-ci pullulent, d’autant plus que le changement climatique adoucit les hivers. Les agriculteurs les plus sinistrés cessent de le cultiver.
Face à cette situation, l’institut technique de référence sur la culture du colza a conçu un projet expérimental pour explorer de nouvelles voies de contrôle des ravageurs, reposant sur une approche sans application d’insecticides. Le projet « Restauration des régulations naturelles et amélioration de la robustesse des cultures sur les plateaux de Bourgogne pour réduire durablement la dépendance aux insecticides » (R2D2), financé pour six ans par l’appel à projet DEPHY-EXPE 2017-18 (Écophyto, 2021), est un projet de conception innovante (Le Masson et al., 2014 ; Prost et al., 2017). Il s’inscrit dans la logique de l’expérimentation à la ferme (Le Gal et al., 2011), un processus social visant, non plus la validation de résultats acquis en station de recherche, mais la réalisation d’expérimentations en situation réelle. Cette démarche reconnaît aux agriculteurs un pouvoir analytique et leur permet de développer leurs compétences pour l’expérimentation. La conduite à l’échelle des exploitations occasionne aussi l’apprentissage de nouvelles pratiques qui s’intègreront dans leur système (Cook et al…)