La mise en œuvre des concepts de « trame verte et bleue » et de « Green Infrastructure Strategy » conduit à s’interroger sur l’utilité des dépendances vertes des infrastructures linéaires de transport (ILT) pour endiguer le déclin général de la biodiversité. Ces emprises, constituées par nature en réseau, peuvent devenir des habitats ou des corridors pour les espèces dont la présence est compatible avec les contraintes d’exploitation des infrastructures, en particulier si l’on y développe des pratiques d’entretien adéquates. En la matière, diverses possibilités s’offrent aux opérateurs, en fonction de leurs propres compétences, des types d’ILT, des objectifs écologiques, mais aussi des collaborations possibles avec d’autres acteurs pouvant être impliqués dans l’entretien et la mise à profit des dépendances vertes dans un but écologique. Des objectifs écologiques étant envisageables dans les emprises et les moyens techniques pour les atteindre étant disponibles, il convient maintenant de réfléchir aux possibilités de développement, voire de généralisation, de ces modes d’entretien. La motivation des propriétaires des emprises, privés comme publics, est déterminante : selon leur sensibilité à la question écologique, à l’intérêt qu’ils peuvent trouver à la valorisation du potentiel de leur patrimoine foncier en ce sens, ils peuvent devenir demandeurs, voire acteurs de projets de gestion écologique. Avec la prise de conscience des enjeux écologiques dans la sphère privée comme dans la sphère publique, ce changement de paradigme par rapport à la situation actuelle peut devenir réalité dans un futur proche. Dès lors se pose la question des conditions qui permettraient aux propriétaires de devenir les moteurs du développement d’actions écologiques dans leurs emprises. Parmi celles-ci, le cas des tranchées forestières pour les lignes de transport d’électricité est particulièrement riche et adapté à la réflexion. Outre qu’elles présentent le plus grand potentiel des ILT en France, elles ouvrent une diversité de perspectives écologiques et les propriétaires y sont diversifiés. Mesurer le champ des possibles qui en découle en l’état actuel du droit est un préalable à la recherche des difficultés et à l’élaboration de solutions avec les parties prenantes, dans un contexte où les enjeux sociaux, économiques et environnementaux sur la forêt vont s’accroître avec le changement climatique.