Ni tout à fait lui-même, ni tout à fait un autre : regards socio-économique et géographique sur la diversité et la résilience dans la transition agro-écologique
Résumé
La notion de ‘transition agro-écologique’ invite à penser l’adaptation et le changement ; cet article souhaite revenir sur une de ses finalités, la résilience des organisations technico-socio-économiques, autrement dit leur capacité à se maintenir dans un monde en changement, voire à se transformer pour se pérenniser (Caron et al., 2017).
Curieusement, quand l’écologie met la biodiversité au cœur de la résilience des écosystèmes, elle reste, au contraire, un relatif impensé des sciences économiques (Karpik, 2007). En effet, l’économie de Akerlof à Stiglitz, met plutôt l’accent sur l’information, la qualité ; elle fait de la capacité à identifier correctement les marchandises une des conditions majeures du bon fonctionnement de la concurrence et donc des filières. La durabilité écologique serait-elle antinomique de la durabilité économique ?
La résilience économique est largement appuyée sur l’adaptabilité et la capacité de transformation des acteurs économiques. Elle met moins l’accent sur la structure du collectif et plus sur les individus qui doivent être capables de sans cesse revoir leur production pour l’ajuster à un monde qui change. Mais avec l’idée de marque et celle d’information sur les produits, elle introduit une notion aveugle de l’écologie : l’identité, ce que sont les choses, un comestible pour un être vivant par exemple. La capacité à reconnaître des marchandises, la pérennité des marques auxquelles on fait ‘confiance’ sont ainsi au centre de la résilience économique.
Quant à la géographie, considérant le territoire dans sa triple dimension, matérielle, idéelle et organisationnelle (Di Méo et Buléon, 2005), elle met tout autant en avant la diversité et l’identité. Elle s’est, de tout temps, intéressée aux phénomènes de discontinuité spatiale (Brunet, 1965), exprimant en cela la reconnaissance d’une diversité. Elle se donne ainsi des outils et des concepts pour penser la diversité des formes d’organisation, à différentes échelles, articulant le local et le global (Lardon et al., 2008).)
La résilience s’appuierait alors sur deux éléments antinomiques, la diversité source d’adaptabilité d’un côté, la permanence et l’identité, de l’autre. Dès lors, comment penser à la fois la diversité et la rémanence ? Peut-on et doit-on les cadrer ou les soutenir, avec quels instruments, pour accompagner ces transitions ?
Nous mettons en parallèle deux approches. L’une, sur la qualité de produits alimentaires (fromage, vin, produits bio), avec une approche économique, s’appuie sur les résultats du projet REPASTOL. L’autre, sur l’organisation territoriale des systèmes agricoles et alimentaires, avec une approche géographique, s’appuie sur les résultats du projet FORMAT (Gasselin et al., 2018). Les deux projets ont été menés dans le cadre du méta-programme GloFoodS du Cirad et de l’INRA, en 2015-2017.
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