Cet article éclaire l’agentivité morale des animaux à partir du travail animal. À l’appui d’une ethnographie comparée du dressage des chiens de patrouille et de l’éducation des chiens d’aveugles, il montre comment les animaux s’investissent respectivement dans l’exercice de la violence et de la bienveillance, en portant une attention particulière au rôle du chenil. Dans le dressage des chiens policiers, le chenil est un instrument d’isolement et de domination qui enferme les animaux dans l’agressivité pour en faire des instruments de la force publique. Il se caractérise par une souffrance au travail des animaux, marquée par une pathologisation de leur rapport à l’agressivité, montrant ainsi que la violence ne va pas de soi. À l’inverse, dans l’éducation des chiens guides, le chenil est un espace ouvert contribuant à l’intelligence et l’attachement des animaux pour devenir des travailleurs du care.