L'évaluation des caractéristiques agronomiques d'espèces prairiales par leurs traits de vie comme étape préalable au diagnostic des communautés à flore complexe
Résumé
Le conseil technique pour la gestion des prairies semi naturelles se heurte depuis longtemps à la difficulté de mise en oeuvre des méthodes de diagnostic génériques basées sur l’étude floristique de la végétation. Très consommatrices en temps, nécessitant une bonne connaissance en botanique et difficilement généralisables, ces méthodes sont de fait peu appliquées par les conseillers agricoles. Une méthode alternative, basée sur l’identification de groupes fonctionnels d’espèces présentes dans la prairie, permet une lecture différente de la végétation sans faire appel à une reconnaissance botanique exhaustive. Les groupes fonctionnels constitués sont qualifiés de réponse ou d’effet selon qu’ils sont établis en fonction de la réponse des espèces aux variations de facteurs du milieu ou de leur effet sur le fonctionnement de l’écosystème prairial. Des traits foliaires tels que la surface spécifique foliaire (SSF), la teneur en matière sèche (TMS), et la durée de vie des feuilles (DVF) ont été proposés pour classer les espèces selon leur stratégie de croissance, notamment en fonction de la disponibilité en éléments minéraux. Cependant, leur relation avec les caractéristiques agronomiques définissant la valeur d’usage des communautés n’a pas été étudiée.L’application d’une telle démarche aux végétations complexes nécessite en préalable une étude approfondie au niveau des espèces. L’objectif de ce travail est d’évaluer la pertinence des traits (particulièrement les traits foliaires) pour classer les espèces selon leur stade de développement phénologique, leur valeur nutritive et leur croissance. Dans ce but, une collection de 37 espèces (21 graminées et 16 dicotylédones dont 3 légumineuses) a été mise en place sur le site d’Auzeville, Centre de Recherche du Toulouse. Ces espèces ont été semées en monoculture dans des minis parcelles disposées en blocs aléatoires avec trois répétitions et deux niveaux d’azote (limitant et non limitant pour la croissance). Elles n’ont subi aucune limitation en phosphore, potassium et eau. L’étude menée sur les traits foliaires a montré que les valeurs de TMS et SSF varient selon les périodes de mesures. Ces mêmes traits et la DVF varient en réponses la disponibilité en azote. La TMS distingue très significativement les graminées des dicotylédones en rosettes, contrairement à la SSF et à la DVF. Malgré cette variabilité temporelle et cette plasticité en réponse à l’N dans les valeurs des traits, le classement des espèces est resté conservé. Ces observations ont été confirmées lorsque l’analyse a été conduite sur les seules graminées. Les données permettent de classer les espèces, notamment les graminées, pour chacun (les trois traits foliaires caractérisant les. stratégies de croissance. En ce qui concerne la phénologie des espèces, nous avons trouvé que le classement établi par la TMS a été assez proche (le celui établi pour la date de floraison et celle de début de maturation des graines et que cette corrélation était particulièrement élevée au stade de début d’allongement de tige chez les gram nées.L’étude de la croissance comparée des graminées en conditions non limitantes a confirmé une efficience de conversion du rayonnement solaire significativement plus élevée des espèces ayant une stratégie de capture. En outre, ces mêmes espèces montrent une mise en place plus précoce de l’indice foliaire, ont des valeurs supérieures de digestibilité de la matière organique, des teneurs inférieures en fibres et ses composantes, une OVF courte et une phénologie précoce. En discussion, nous émettons l’hypothèse selon laquelle l’extension de cette approche spécifique au niveau de la communauté est possible. La seule connaissance de la TMS des graminées qui la composent devrait alors nous renseigner sur sa phénologie, sa croissance et sa valeur nutritive. Dans l’état présent de la recherche, le classement des espèces selon leur stratégie de croissance (constitution et utilisation d ‘une base (le données), ou bien la mesure (les traits foliaires in situ pourrait être un outil simple permettant (le classer les communautés prairiales selon leur valeur (l’usage, outre selon leur position dans un gradient écologique.