Ce travail de thèse a porté sur le comportement de butinage coopératif chez l’abeille. Dans un environnement hétérogène où les ressources alimentaires sont distribuées de manière discrète, la collecte de nectar chez cet insecte social met en jeu non seulement des processus individuels d’orientation et d’apprentissage, mais aussi des processus collectifs reposant sur une communication vibratoire et phéromonale intense entre les membres de la colonie qui agissent de façon coordonnée. Pour rendre compte de ces phénomènes, j’ai adopté une double approche théorique et expérimentale. A partir des données recueillies lors d’expérimentations conduites au laboratoire, j’ai étudié certaines transitions entre les différents comportements impliqués dans le butinage (modèles à risques proportionnels). J’ai en outre développé un modèle mathématique (système dynamique non linéaire) du comportement de butinage. Les propriétés de ce modèle ont été étudiées et nous avons dégagé plusieurs prédictions théoriques. Ce travail m’a d’une part conduit à reconsidérer le langage de l’abeille dans un contexte d’écologie comportementale et à proposer un scénario de l’évolution de la communication de la distance chez les apoïdes. D’autre part, les protocoles expérimentaux et les outils d’analyse statistique développés dans cette thèse ont été utilisés pour évaluer l’impact de produits phytosanitaires (pesticides, entomotoxines issues de plantes transgéniques) sur le comportement de butinage collectif des abeilles.