Le piétin-échaudage est une des principales maladies racinaires du blé. Elle est causée par un champignon du sol, Gaeumannomyces graminis var. tritici, qui provoque des nécroses sur le système racinaire. Connue depuis près de 150 ans, cette maladie n'a pourtant généré que très peu d'études de nuisibilité notamment en raison de la difficulté à obtenir expérimentalement différents niveaux d'infestation toutes choses égales par ailleurs. La disponibilité du fongicide expérimental MON65500 a offert de nouvelles perspectives dans ce domaine et a permis d'initier ce travail. Il vise à étudier l'effet de la maladie sur l'élaboration du rendement du blé en relation avec sa dynamique d'évolution. Les effets du pathogène sur la croissance et la nutrition azotée sont étudiés afin d'expliquer ces perturbations. Des expérimentations au champ, combinant année climatique, rang de la culture du blé et fongicide expérimental nous ont permis d'obtenir une large gamme de cinétiques de développement de la maladie en termes de fréquence et de gravité. Le fongicide retarde le développement de la maladie en réduisant le cycle d'infection primaire et ralentit son évolution en limitant la propagation de l'infection de racine à racine et en freinant l'extension des nécroses au niveau des racines malades. Il a été possible, grâce à des modèles simulant les composantes du rendement en l'absence de facteurs limitants, de quantifier les pertes engendrées par le piétin-échaudage. Ces pertes ont pu être expliquées par diverses variables de maladie, instantanées (reflétant le niveau de maladie à un stade précis) ou intégratives (prenant en compte la dynamique d'évolution de la maladie et reflétant l'accumulation de maladie au cours d'une période précise). Les pertes de nombre de grains par m2 sont ainsi expliquées par l'accumulation de maladie entre le début de la montaison et la floraison, tandis que les pertes de poids de 1000 grains sont liées à la maladie présente à mi-montaison. Nous avons mis en évidence une réduction de la vitesse de croissance aérienne entre mi-montaison et floraison. Le piétin-échaudage affecte également le statut azoté des plantes, ce qui réduit l'accumulation d'azote accumulée dans les parties aériennes. La quantité d'azote stockée dans les pailles à floraison, et remobilisable vers les grains lors du remplissage est en particulier diminuée. De plus, le taux de remobilisation est d'autant plus réduit que l'infection est grave. Il en résulte une réduction de la quantité d'azote dans les grains. Des marquages courts au 15N ont montré que l'absorption d'azote des segments racinaires distaux situés sous une nécrose de taille supérieure à 1cm est en moyenne diminuée de moitié par rapport à celle des segments proximaux. A l'échelle de la plante entière, cette restriction du fonctionnement racinaire s'accompagne d'une augmentation du flux d'absorption des segments racinaires fonctionnels, d'autant plus marquée que cette fraction du système racinaire est réduite. Cette réaction, assimilée à un phénomène de compensation, n'apparaît toutefois pas suffisante pour assurer une accumulation d'azote équivalente à celle des plantes saines. Nos résultats ont confirmé l'importance de la fertilisation azotée comme moyen pour réduire la nuisibilité du piétin-échaudage et l'intérêt d'un plus grand fractionnement de la dose d'azote afin d'adapter les apports d'une part, aux besoins de la plante et d'autre part, à la capacité d'absorption de son système racinaire.