Ce travail est une contribution aux divers travaux de recherche conduits en milieu producteur. Il répond aux voeux (a) de l'Etat sénégalais et des institutions de Bretton Woods d'améliorer les connaissances sur le cheptel local et d'atteindre l'autosuffisance en moutons de Tabaski ; (b) d'utiliser des modélisations économétriques dans l'approche opérationnelle de l'analyse de filière. L'introduction des outils statistiques permettrait de récuser l'idée d'une approche filière non scientifique et (ou) trop intuitive. Pour catalyser l'intérêt, il était indispensable d'intégrer les compétences dans les processus d'arrangements (négociation commerciale) des participants aux objectifs et perceptions différents. L'analyse opérationnelle de la filière des petits ruminants au Sénégal sur l'axe nord vers Dakar a montré l'existence de deux types de circuits : les circuits réguliers ou permanents et les circuits "Tabaski". Ces derniers se superposent aux précédents à l'occasion de la commémoration musulmane de l'Aïd-El-Kébir. La filière des petits ruminants est hiérarchisée en niveaux, qui partent des marchés hebdomadaires ruraux vers les centres urbains. Elle enregistre un grand nombre de groupes de compétences (producteurs, dioula, téfanké, convoyeurs, dibitiers, consommateurs, etc). En conséquence, l'échange direct producteur-consommateur est peu développé. L'absence d'entreprises multifonctionnelles intégrant les fonctions de production, de collecte et de redistribution aux consommateurs, explique le caractère encore traditionnel et non officiel de cette filière. Ce système est l'objet de critiques diverses qui ne résistent pas à l'observation objective et à l'usage rigoureux d'outils économiques contextualisés. Dans sa forme actuelle, la filière montre des signes d'une bonne adaptation aux conditions économiques sahéliennes et n'engendre presque pas de charges pour l'Etat.