Les nombreuses fonctions qu'assurent les eaux souterraines (ressource d'eau potable, usage pour l'activité industrielle et pour l'activité agricole) contribuent à leur donner un rôle stratégique, ceci particulièrement en milieu périurbain. Or, compte tenu de leur intérêt, les nappes phréatiques sont le plus souvent confrontées à une exploitation intensive ainsi qu'à une dégradation ininterrompue de leur qualité. Le problème du maintien de la ressource en eau souterraine, en quantité et en qualité, a d'ailleurs été récemment pris en compte dans la loi sur l'eau datant de janvier 1992, qui considère les nappes phréatiques comme un patrimoine commun de la nation et une ressource qu'il faut sauvegarder pour les générations futures. Le problème est ici d'une part celui de la temporalité entre les actions polluantes et les effets de ces actions sur la nappe, d'autre part celui du manque de connaissances scientifiques sur les causes et les conséquences des pollutions de la nappe. Une perspective en termes de maîtrise des risques paraît donc dans ce cas inadaptée. En effet, l'hypothèse dans ce cadre est que le risque est susceptible d'être connu, traité et maîtrisé grâce à une série d'actions telles que la réglementation, la fixation de normes, les sanctions, l'information et la responsabilisation. Nous sommes ici en fait face à une représentation du risque en construction, construction qui constitue un enjeu économique et écologique considérable. La question posée dans cette recherche est celle des conditions nécessaires à une gestion patrimoniale d'une nappe phréatique, gestion qui s'avère être une question d'apprentissage, de décisions politiques et de changement de pratiques sociales.