Les croyances relatives à l'influence de la forêt sur le climat et l'écoulement des bassins versants remontent à l'antiquité. Cependant il a fallu attendre le 19ème siècle pour qu'un débat s'appuyant sur des données expérimentales puisse naître à ce sujet, grâce à trois expérimentations fondatrices : Belgrand, est le premier à remettre en cause l'opinion classique selon laquelle "on doit arriver à une régularisation plus ou moins complète du régime des cours d'eau en reboisant leur bassin". Les arguments qu'il avance sont fondés sur des mesures limnimètriques et/ou débitmétriques réalisées sur 3 bassins versants. Les mesures expérimentales entreprises par Jendel et al (1862) viennent en réponse aux mesures de Belgrand. Ils ont entrepris le suivi hydrométrique et pluviométrique de deux bassins versants, l'un entièrement boisé, l'autre seulement à moitié. Quant aux mesures météorologiques conduites pendant 11 ans (1867-1877) par Auguste Matthieu, elles consistent en un suivi pluviométrique, thermométrique et évaporimétrique en 3 stations distinctes : une station est située au centre d'un grand massif forestier (Haye), une seconde est située en lisière, la troisième se situe à une vingtaine de kilomètres en terrain agricole. Ces expérimentations représentent bien la naissance du concept de bassin versant de recherche, cinquante ans avant les Suisses du Sperbelgraben en 1901, et les Américains du Wagon Wheel Gap en 1908. On s'interroge cependant sur les raisons qui, à la fin du 19ème siècle ont fait tomber les hydrologues et les forestiers français dans une apparente léthargie, abandonnant curieusement la voie qu'ils avaient tracée.