Le Ministère de l'Agriculture, a lancé une série de travaux dont l'objectif est d'apprécier, à travers quatre cas régionaux, la capacité des instruments de politique publique français à mieux prendre en compte le caractère multifonctionnel de l'agriculture. La Beauce a été choisie comme cas représentatif des zones d'agriculture intensive où l'agriculture fournit peu d'aménités et produit des externalités négatives. La présente étude est centrée sur les impacts de l'agriculture irriguée sur la ressource en eau. Ses objectifs sont (1) de faire un premier bilan de la mise en place du protocole de gestion volumétrique en le replaçant dans l'ensemble des politiques publiques visant à préserver la ressource en eau, (2) d'analyser la variabilité de l'impact de ce protocole selon la situation particulière des exploitations (systèmes de production, disponibilités en différents types de sols, mode de calcul du volume de référence), et (3) de construire la fonction de demande en eau des exploitations irrigantes, afin d'évaluer les impacts potentiels d'une évolution de la législation nationale et européenne sur l'eau. La méthode utilisée repose sur (1) une série d'entretiens auprès des partenaires de la gestion de l'eau en Beauce, complétée par une analyse bibliographique, et (2) sur la mise à jour d'un modèle micro-économique représentant les choix d'assolement et d'utilisation de l'eau des exploitations irrigantes et son utilisation comme outil de simulation. Les politiques publiques qui orientent les choix des exploitants agricoles en termes d'assolement et d'utilisation de l'eau et leurs revenus présentent une grande. La PAC est sans doute celle dont l'impact sur les revenus est le plus important, avec un effet limité sur les prélèvements en eau. Les impacts du protocole de gestion volumétrique sont encore difficiles à estimer. Il est bien accepté par la profession agricole et les irrigants, d'une part parce qu'il est issu d'un processus de décision concerté, et d'autre part parce qu'il laisse aux irrigants des possibilités d'adaptation aux conditions climatiques annuelles. Sa principale limite réside dans la faiblesse du système d'information et de contrôle des prélèvements. Enfin certains acteurs expriment des inquiétudes quant à son efficacité en cas de sécheresse importante. Les simulations montrent que les conditions locales de sols entraînent des différences non négligeables de revenus, qui ne sont pas compensées par les modalités d'allocation des volumes de référence. La profession agricole, fortement impliquée dans les procédures concertées de gestion de l'eau, a également montré une forte mobilisation dans le cadre de mesures volontaires de sensibilisation et d'information des irrigants, dont l'impact mériterait cependant d'être plus précisément évalué. Enfin les simulations réalisées à l'aide du modèle micro-économique montrent le potentiel d'utilisation de l'instrument prix de l'eau pour réguler les prélèvements en eau pour l'irrigation, compte tenu de son impact limité sur les revenus des irrigants.