Le paysage au goût des autres : appropriation de la notion de paysage par les agriculteurs contractant au projet de CTE collectif du Pays des Bastides (Dordogne)
Résumé
The maintenance of the landscape is a task often reserved for agriculture by the various agri-environmental programs, in particular the CTE. This study aims at seeing how farmers, who contracted CTE in the South of the Dordogne, adapt this concept. If the topic of the landscape is not unknown for them, its appropriation within the framework of the CTE is done according to different levels' of conviction All the farmers perceive the agri-environmental measures dealing with landscape as an economic and technical opportunity: these measures make it possible to maintain spaces not directly productive (hedges, edges) at lower cost and contribute to increase the productivity of the contiguous cultivated fields. Nevertheless, for certain farmers, the topic "Landscape" is also synonymous with subordination of the agricultural profession to requests for maintenance coming from outside (policy and decision makers, tourists...). They also fear that, by proposing the concept of landscape, policy makers draw aside from other more important sets of themes like the reduction of pollution and the support for the small-scale farming. They also note that the landscape measures reinforce the importance of the property by basing remuneration on the surface or linear unit. According to them, collective CTE projects promoting "Landscape", in their current forms, can not support the small-scale farming
L'entretien du paysage est une tâche dévolue à l'agriculture dans différents programmes agri-environnementaux, dont les CTE. Cette étude vise donc à voir comment des agriculteurs signataires du sud de la Dordogne s'approprient cette notion. Concernant la pertinence accordée par les agriculteurs au thème du paysage, on constate que cette problématique ne leur est pas étrangère. Mais son appropriation dans le cadre du CTE se fait selon des niveaux de conviction différents. Tous considèrent les MAE " entretien de l'espace " comme les mesures ayant le plus d'impact sur le paysage. Elles sont perçues comme une opportunité économique et technique : elles permettent d'entretenir les espaces non directement productifs (haies, lisières) à moindre coût et concourent à augmenter la productivité des parcelles cultivées voisines. Néanmoins, pour certains agriculteurs, le thème " Paysage " est aussi synonyme de subordination de la profession agricole à des demandes d'entretien venues de l'extérieur (élus, résidents secondaires, touristes...). Ils craignent aussi qu'en mettant en avant la notion de paysage, on écarte d'autres thématiques plus importantes à leurs yeux que sont la réduction des pollutions et le soutien aux petites exploitations. Les agriculteurs qui possèdent de petites structures constatent aussi que les mesures paysagères proposées dans le cadre des CTE renforcent l'importance de la propriété foncière en basant la rémunération sur l'unité surfacique ou linéaire. Il ne leur semble donc pas que les CTE collectifs " Paysage ", dans leurs formes actuelles, puissent soutenir les petites exploitations.