Pour une juste répartition de l'eau : les apports de la « gestion volumétrique » en Charente
Résumé
En Charente, le poids de l`usage agricole de l`eau (85% des prélèvements à l`étiage) a suscité un contexte hautement conflictuel dès la fin des années 80. Après négociations entre parties concernées, le principe d`une Gestion Volumétrique (GV) a été retenu, souvent en accompagnement de création de ressource. Ce principe est fondé sur un volume d'eau maximal autorisé par hectare, susceptible de restriction en fonction d'indicateurs d`état du milieu (seuils de débit des cours d`eau, piézométrie de nappe). Nous présentons ici une étude visant à évaluer les apports de la Gestion Volumétrique à partir des jugements et discours de près de 50 acteurs de l`eau. L'instauration de modes de gestion plus participatifs ne remet pas en cause les logiques et rapports de force antérieurs, les modalités de gestion tendent à être réappropriées en faveur d'acteurs et de discours dominants préexistants, ici au détriment d'alternatives ou de voix plus critiques vis-à-vis de l'irrigation. On assiste à la permanence de représentations peu conciliables d'une juste répartition de la ressource. Tandis que la question des subventions à l'irrigation partage le monde agricole et crée des mécontentements au sein même des irrigants, les divers autres usagers de l'eau s'estiment toujours lésés par un système qui fait la part belle à l'auto-gestion des irrigants, malgré un gain relatif en terme de concertation et de transparence.