La France compte plusieurs milliers de kilomètres de cours d`eau endigués pour la protection contre les inondations. La plupart des digues sont très anciennes et de constitution hétérogène. Elles relèvent, en outre, de statuts et de gestionnaires divers. Les crues de ces dernières années ont montré que ces ouvrages hydrauliques vieillissants étaient peu sûrs et enclins à se rompre par érosion interne, surverse ou affouillement sous l'action du courant. Parallèlement, à l`abri (relatif~) de ces systèmes d`endiguement, les enjeux humains ont amplement augmenté ces dernières décennies, du fait d`une urbanisation plus ou moins maîtrisée. La question de la sécurité des digues - et de la façon de l'évaluer puis de l'améliorer - et des zones qu'elles protègent s'avère donc cruciale : ce qui justifie le recensement des ouvrages de ce type en cours, à l'échelle nationale, sous l'égide du Ministère de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement. Dans ce contexte, l'Equipe Pluridisciplinaire Plan Loire Grandeur Nature a confié en 1996 au groupement Cemagref-ISL une étude visant à définir une méthodologie optimale pour le diagnostic des digues (levées) de la Loire Moyenne, à sec et en crue. Elaborée sur le cas des digues de la Loire, cette méthodologie d'étude peut être aisément transposée à d'autres contextes d'endiguement de protection contre les crues. Dans le prolongement de ces travaux méthodologiques liés à la question du diagnostic des ouvrages, le Cemagref a démarré dès 1998 une réflexion sur la mise en place de SIRS (Système d'Information à Référence Spatiale) pour aider les gestionnaires responsables de la sécurité des digues, mais aussi les acteurs concernés par les risques d`inondation en zones endiguées, à coordonner leurs actions en vue d'une meilleure gestion intégrée. En se basant sur une démarche structurée d`analyse/conception de SIRS, le Cemagref réalisé en 1998 une première étude - dite de diagnostic stratégique - en interviewant des gestionnaires de la Loire et du Vidourle sur leurs pratiques actuelles et leurs attentes vis à vis d`un SIRS. Une maquette de sensibilisation a ensuité été développée pour aider les gestionnaires à mieux cerner le potentiel d`un SIRS et ainsi, à affiner l`expression de leurs attentes. Cette maquette a déjà été présentée aux membres du comité de pilotage du projet ainsi qu`à une soixantaine de gestionnaires locaux et régionaux de la France entière. La maquette a recueilli des avis très favorables d`un point de vue purement technique. Par contre, plusieurs réserves ont été émises sur les chances d`appropriation réelle d`un tel outil par les gestionnaires locaux, essentiellement pour des raisons de coût et de manque de personnel pour collecter les données et gérer le SIRS. En fait, la justification économique et sociale de cet outil peut être rapidement faite dès que l`on compare les coûts de sa mise en place et de son fonctionnement avec les gains réalisés, directs ou indirects. La situation idéale serait que la mise en place de ces outils auprès des différents gestionnaires soit raisonnée au niveau de l`ensemble d`un système fluvial - voire au niveau national - pour assurer une cohérence amont/aval, et surtout rive droite / rive gauche. Il est, cependant, plus probable que leur développement passera d`abord par des initiatives locales plus ou moins coordonnées ou concurrentes, mais qui pourront devenir exemplaires. Le contexte humain, politique et organisationnel variant d`une situation endiguée à une autre, chaque tentative d`implémentation du SIRS restera un cas particulier. L`objectif pour 2001 est de travailler avec les gestionnaires des digues de Camargue pour démontrer la faisabilité d`un tel projet sur cette situation de milieu endigué. Etant donné son orientation « gestionnaires/scientifiques », le séminaire « fleuves 2001 » de Lyon constituera également un espace de discussion idéal pour débattre de ces questions.