Les élus ruraux sont de plus en plus volontaires pour mettre en oeuvre des interventions publiques visant des objectifs paysagers car ils y voient des opportunités de développement territorial. Au cours de la préparation de telles interventions, il arrive pourtant qu`ils se désengagent, mettant alors en péril la réalisation du projet. Cela a été le cas lors du Contrat pour le Paysage du Pays des Feuillardiers (Haute-Vienne). La comparaison de cette expérience avec la Charte Paysagère et Architecturale de Sancy-Artense (Puy-de-Dôme) va nous aider à comprendre les ressorts de l`implication des élus locaux. Notre communication montre que durant l`élaboration du projet, les élus locaux jouent un rôle central au sein des relations partenariales dans la territorialisation des problèmes paysagers, c`est-à-dire la déclinaison des problèmes généraux, comme la fermeture du paysage par exemple, en problèmes locaux. Pour cela, ils parlent peu souvent en leur nom propre, mais convoquent certains usagers. Ici tient leur véritable spécificité : construire leur discours autour d`une dynamique polyphonique en se faisant les porte-parole d`attentes de leurs administrés. Ils justifient la pertinence locale des problèmes paysagers avec une argumentation sociale. Leur mandat leur en donne la légitimité. Ce rôle de porte-parole des usagers est reconnu par leurs partenaires qui attendent en retour que les élus municipaux apportent la « caution » de leurs électeurs à la future action. Or pour cela, il faut qu`ils aient pu s`approprier les objectifs de la future action. Cela nécessite une réflexion au cours de laquelle les personnes sont susceptibles de faire d`un objectif un problème qui ait un sens au regard de leurs activités. Notre communication montre alors que cette réflexion est plus ou moins facilitée par la configuration du dispositif de discussion, et qu`une attention toute particulière doit donc être portée sur la façon dont les discussions sont organisées durant la préparation du projet d`intervention. Notre communication révèle de la sorte que les élus municipaux maintiennent leur implication dans un projet lorsqu`ils y retrouvent certaines de leurs préoccupations, notamment celles relatives à la co-présence de différents usagers. Intervenir au nom du paysage doit leur permettre de peser sur la coordination des usages et donc des usagers sur leur territoire. C`est à cette condition qu`ils acceptent d`engager leur fonction de représentant élu : leur implication est une implication négociée.