Quand la zootechnie s'intéresse à l'organisation du travail en élevage : quel modèle pour rendre compte des interactions entre conduite d'élevage et main-d'oeuvre ?
Résumé
Les conditions de travail des agriculteurs ont profondément évolué ces dernières décennies. L'augmentation générale des dimensions des exploitations et la diminution de la main-d'oeuvre familiale se traduisent par une recherche de plus en plus exprimée de rythmes de travail maîtrisés. Ces évolutions interrogent particulièrement les systèmes d'élevages d'herbivores, du fait de l'astreinte aux animaux. Elles s'expriment également dans un contexte d'incitations au changement des façons de produire et d'utiliser l'espace, liées à des enjeux environnementaux ou de qualité des produits, qui interrogent aussi l'organisation du travail. Nous illustrons ici comment considérer les systèmes fourragers par rapport à l'organisation du travail, que ce soit lors d'une reconfiguration du système fourrager ou lors de sa mise en uvre. Cela nécessite de s'intéresser aux interactions entre le processus de production, la main-d'uvre et la combinaison d'activités économiques et privées des éleveurs et à leur traduction dans le déroulement de la campagne agricole. Nous proposons une modélisation de l'organisation du travail permettant de décrire et qualifier ces interactions à l'échelle de périodes et sur l'ensemble de l'année. Cette modélisation vise à produire des connaissances sur les formes d'organisation du travail en exploitation d'élevage (façon dont les éleveurs mettent en relation les tâches agricoles à réaliser et les travailleurs du collectif, tout en tenant compte des impératifs liés à leurs autres activités économiques et à leurs choix de vie). Elle est ainsi une contribution au débat sur les outils permettant de concevoir des diagnostics de fonctionnement intégrant la dimension « organisation du travail », en vue de réflexions sur des changements techniques ou organisationnels dans les élevages.