La dernière décennie a vu se multiplier les dispositifs visant à encourager l'élaboration collective de projets de développement durable territorialisés. La communication rend compte des résultats d'une recherche portant sur les dynamiques performatives à l'oeuvre dans les processus d'élaboration de tels projets, sur la base de trois études de cas. Il s'agissait d'analyser les modalités d'organisation de la participation des parties prenantes, les formes de débat et d'échange ainsi que les formes d'engagement et les motivations des participants. La recherche était particulièrement centrée sur les dimensions symboliques et rhétoriques de ces dispositifs, et les actes performatifs qui y prennent place. Sur la base d'une approche compréhensive, attentive aux points de vue développés par les participants, elle s'interroge sur les conditions d'une démocratie dialogique. Trois études de cas contrastées ont fourni le matériau de la recherche. Il s'agit de trois démarches collectives d'élaboration de projets, ayant fait l'objet d'une offre de participation ouverte, et débouchant sur un document solennel d'engagement des acteurs (une charte) : le conseil de développement et la charte de développement durable du pays de Marennes-Oleron, le conseil local de l'environnement et la charte pour l'environnement et le développement durable de la ville de Montreuil, la charte forestière de territoire du massif de Sénart et les groupes de travail qui l'ont préparée. Les résultats portent sur les conceptions contrastées qu'expriment les acteurs, tant sur les logiques (et la finalité) de la participation que sur la notion de développement durable. Ils éclairent les modes de participation (plus ou moins collaborante) et les positionnements des acteurs vis-à-vis de leurs interlocuteurs, notamment entre postures monologique et dialogique. La recherche apporte également des éclairages novateurs sur les enjeux de formalisation (méthodologisation) des démarches et leurs effets tant sur les productions que sur leur appropriation par les acteurs. Elle confirme les difficultés soulevées par ces dynamiques participatives : malaises dans la représentation (notamment mais pas seulement du fait du positionnement ambigu des élus), professionalisation et isolement des participants, usure de la participation (du fait de la consommation de temps mais aussi de certains facteurs déceptifs).