Quel niveau de résolution taxinomique nécessaire en entomologie forestière ? - INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2007

Which level of taxonomic resolution in forest entomology ?

Quel niveau de résolution taxinomique nécessaire en entomologie forestière ?

Christophe Bouget

Résumé

We discuss the necessary level of taxonomic resolution in the 4 objectives of forest entomology: assessing reliable estimates in biodiversity studies, interpreting lists of data in terms of ecology, monitoring pests and natural enemies for forest protection, detecting new invasive species. Because identifying many insects to species is difficult, requires expert training and is very time-consuming and, therefore, costly, there has been quite a lot of research on alternative techniques: (i) supraspecific approaches using coarser taxonomic resolution (identification to families, genera...), (ii) parataxonomical approaches distinguishing only morphospecies (or RTU, Recognizable Taxon Units) for Rapid Biodiversity Assessments (RBA), (iii) identification limited to certain species (signal, indicator, umbrella, flagship species). The development of collaborative networks, such as Internet databases of pictures and molecular data, is currently transforming the methodological landscape in insect taxonomy.
La problématique de l'identification des espèces se rapproche du niveau de résolution taxonomique nécessaire dans les différentes approches de l'entomologie forestière. A la question 'pourquoi connaître l'identité des espèces ?', la réponse peut ainsi être déclinée selon 4 axes : biodiversité, écologie, ingénierie phytosanitaire et biovigilance. Dans le cadre de l'étude de la biodiversité forestière, il s'agit d'identifier pour compter. Les évaluations d'impact de la gestion forestière, les suivis pour mesurer les tendances d'évolution du nombre d'espèces, pour avertir des menaces qui pèsent sur la biodiversité, les inventaires pour identifier les régions forestières à protéger en priorité impliquent l'usage d'une comptabilité écologique, d'un thermomètre' dont l'unité est souvent l'espèce. Connaître l'identité des espèces est souvent une nécessité en écologie forestière, car l'espèce est le niveau élémentaire d'information écologique (autécologique en particulier) ; il s'agit ici d'identifier pour interpréter en termes écologiques des relevés et des listes, constituer des groupes écologiques de réponse et envisager une approche fonctionnelle des mécanismes de réaction des communautés. Dans le contexte de la protection de la forêt, l'ingénierie phytosanitaire vise à identifier pour diagnostiquer, repérer la présence des ravageurs, suivre la dynamique de leurs populations afin de choisir les méthodes de lutte et de justifier l'intensité de leur application. Un autre système d'alerte repose sur la biovigilance et la détection précoce des espèces nouvelles. Les observatoires de veille doivent en effet identifier pour détecter les nouveaux venus dans le contexte du changement global et évaluer les risques éventuels des espèces envahissantes dans les écosystèmes forestiers. A ces justifications de la nécessité des déterminations spécifiques sont souvent opposées leurs lourdes contraintes. Devant la très forte diversité taxonomique des Insectes forestiers (estimée à près de 10 000 espèces en France), nous disposons en fait d'un effectif faible et décroissant de personnes ressources, d'une bibliographie dispersée et rarement mise à jour, dont l'accessibilité est parfois limitée par des obstacles linguistiques, et d'une maigre reconnaissance des activités. Quatre grands types d'approches alternatives à l'identification et à la numération traditionnelles des espèces ont ainsi été développés. Par déplacement du curseur taxonomique, certains écologues forestiers abordent les communautés à des niveaux supra-spécifiques (en postulant une corrélation positive entre la diversité des genres ou des familles et la richesse spécifique). D'autres distinguent les espèces sans leur attribuer une identité ; cette démarche, parfois qualifiée de parataxonomie, s'intéresse aux morpho-espèces (ou RTU, Recognizable Taxon Units), entités aisément reconnaissables par les opérateurs dans le cadre de programmes simplifiés d'évaluation de la diversité biologique (ou RBA, Rapid Biodiversity Assessment), dans des écosystèmes forestiers souvent soumis à une menace urgente. Tout en rendant possible le calcul de la richesse spécifique, la comparaison des similarités de composition des communautés, ces méthodes se limitent à une analyse purement descriptive et quantitative des assemblages, car l'interprétation écologique nécessite de connaître l'identité des espèces. La détermination des taxa collectés est parfois restreinte à des espèces signal' ou à des groupes indicateurs, dont la diversité reflète celle de nombreux autres taxons (argument de représentativité). Enfin, l'approche morphologique traditionnelle de la discrimination des espèces peut être complétée par l'utilisation des outils moléculaires, avec une détermination génétique des taxons comme l'envisage le projet international Barcode. Le caractère heuristique de ces différentes initiatives palliatives a toutefois ses limites.

Mots clés

Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02589700 , version 1 (15-05-2020)

Identifiants

Citer

Christophe Bouget. Quel niveau de résolution taxinomique nécessaire en entomologie forestière ?. Colloque de la Société Entomologique de France "Aller à l'espèce ; illusion ou nécessité ?", Paris, 23-24 novembre 2007, 2007, pp.19. ⟨hal-02589700⟩

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