Approche multiprogramme de l'évaluation paysagère: traiter de la dimension esthétique à travers l'effet de composition : Rapport intermédiaire - 2006 Programme de recherche "Sciences économiques et environnement"
Résumé
L'observation des argumentaires politiques autour des programmes agri-environnementaux en Europe a permis de constater que la notion de paysage a été mise en avant comme fondement de certaines interventions publiques sur l'espace rural. Les mesures plus respectueuses de l'environnement suggérées aux agriculteurs sont notamment justifiées pour la préservation des paysages. Beaucoup de travaux d'évaluation pour les suivis des programmes « ESA » (Environmentally Sensitive Area) ou aux mesures agri-environnementales ont ainsi abordé le public à travers la notion de paysage. Ceci n'est pas très étonnant car l'approhe en termes de paysages peut être mobilisée lorsqu'il s'agit d'aborder les relations sociétés - environnement sous l'angle particulier de leur dimension esthétique Ainsi, la valeur économique des paysages peut s'appuyer sur la valeur d'usage et de non-usage des visiteurs pour leurs lieux de récréation ; des résidents pour leur cadre de vie, et de la totalité de la population d'un pays pour des sites exceptionnels et emblématiques. Néanmoins, la notion d'esthétique à la base de l'appréciation de l'impact des politiques mises en ½uvre reste difficile à circonscrire pour l'économiste. Nous savons en revanche que du point de vue des gestionnaires, la lecture d'un paysage s'effectue à partir de quelques repères appelés attributs paysagers qui sont des objets spatiaux présentant des caractéristiques et des mécanismes de fonctionnement et de gestion spécifiques. En conséquence, la décision de conserver ou de transformer un attribut particulier de l'espace va affecter la valeur esthétique d'un autre attribut lorsque ces attributs sont perçus de manière conjointe par les usagers de ces espaces. On parle d'effet de composition. Cet effet de composition peut concerner d'une part les relations entre les attributs constituants une même scène paysagère considérée comme scène de référence pour l'usager et d'autre part, les relations entre les attributs de scènes différentes (localisés sur deux zones distinctes) et participant à la diversité des paysages du site évalué. On peut alors parler de demande d'attributs paysagers, et les relations entre les différents attributs (effet de composition) peuvent être aisément analysées en tant que relation de complémentarité ou de substitution dans la fonction d'utilité de l'usager. Le critère esthétique fondé sur la notion d'effet de composition postule dès le départ qu'en matière paysagère, la complémentarité est plutôt la règle pour traiter les programmes paysagers dans la fonction d'utilité du bénéficiaire. Le présence d'effet de composition reste cependant à valider. En outre, la complémentarité en utilité qui est attendue est-elle suffisamment forte pour compenser l'effet-revenu et donner naissance à une complémentarité en évaluation de deux programmes paysagers visant chacun un attribut. Cet aspect n'a pas encore été validé empiriquement. Nous mettons en ½uvre dans cette étude la méthode multiprogramme pour investiguer ces différents types de relations entre les attributs à travers l'effet de composition.