En Europe, les scientifiques ont montré au début des années 90 que l'atmosphère n'était pas seulement contaminée par les produits phytopharmaceutiques organochlorés (DDT, lindane, hexachlorobenzène, etc) mais aussi que des produits phytopharmaceutiques d'autres familles chimiques étaient présents. Cette possibilité a été par exemple mise en évidence avec la découverte de résidus d'herbicides dans les eaux de lacs alpestres ou dans les précipitations de pays où ces molécules n'étaient pas ou plus utilisées depuis plusieurs années (Norvège, Suède, Allemagne, Suisse). Les produits phytopharmaceutiques peuvent en effet contaminer l'atmosphère directement lors du traitement mais aussi après leur application en se volatilisant ou encore en s'y disséminant par les phénomènes d'érosion. Ainsi, en dehors du risque sanitaire direct induit par leur présence dans l'air ambiant, les produits phytopharmaceutiques transportés et déposés par la voie atmosphérique constituent un risque de contamination des écosystèmes situés à proximité ou à l'écart des zones de traitement. Les résultats des premières études de contamination de l'atmosphère effectuées par des équipes scientifiques en Ile-de-France, Alsace ou Bretagne, ont conduit à prendre aujourd'hui en considération les risques d'exposition de l'homme et des écosystèmes non cibles par cette voie. Ces premières mesures exploratoires menées par des scientifiques ont ensuite été poursuivies et développées par les Associations Agréées de Surveillance pour la Qualité de l'Air (AASQA) dans différentes régions de France. La première réunion pluridisciplinaire sur le sujet s'est tenue en Janvier 2001 sur la proposition de l'UIPP et de l'ADEME. En 2001, les AASQA des régions Centre, Poitou-Charentes et l'INERIS ont débuté des campagnes de mesure de pesticides dans l'air. Des campagnes de mesure se sont ensuite progressivement mises en place dans la plupart des régions de France dans le cadre des Plans Régionaux de la Qualité de l'air. Bien que les chiffres de l'OMS semblent indiquer que la contamination des aliments par les produits phytopharmaceutiques serait la voie d'exposition majoritaire sauf exception et bien qu'il n'existe pas d'obligation de contrôle des produits phytopharmaceutiques dans l'atmosphère ni au niveau national ni européen, l'exposition des agriculteurs et de la population générale aux produits phytopharmaceutiques dans l'air ne doit pas être négligée. Dans ce contexte, le CORPEN a réuni un groupe d'une vingtaine d'experts d'origines institutionnelles diverses (scientifiques et professionnels) ayant pour mission de réaliser un document permettant de faire le point sur les différentes études menées en France sur la contamination de l'air par les produits phytopharmaceutiques et les conséquences pratiques pour la mise en place de réseaux de surveillance et les utilisateurs de produits phytopharmaceutiques. Il s'est appuyé sur les publications scientifiques disponibles et sur les travaux réalisés par les principaux acteurs dans ce domaine : instituts de recherche, AASQA, universités, Agences, instituts techniques, firmes phytosanitaires.