Transformations des systèmes d'élevage et du travail des éleveurs
Résumé
Plus d'un milliard de personnes travaillent dans le secteur de l'élevage sur la planète, le plus souvent au sein d'exploitations familiales, mais parfois comme salariés dans de grandes unités de production. Ce milliard de personnes est bien sûr concerné, nolens volens, par les changements qui s'opèrent dans ce secteur. Pourtant, il est assez rare, dans la presse scientifique et professionnelle, que l'on associe les transformations des systèmes d'élevage (qu'on les constate, ou qu'on les encourage) aux transformations du travail en élevage. On peut le comprendre dans la mesure où les changements techniques sont surtout l'affaire des zootechniciens et que le domaine (large) du travail est plutôt traité par les sciences sociales. Mais des affirmations comme « les problèmes de travail sont des freins à l'innovation technique » (Mak, 2001 ; Hervé et al. 2002 ; Hostiou et Dedieu, 2009) ou le développement de la pratique de la monotraite quotidienne, entraînant une baisse de la production quotidienne de 30 %, « simplement » justifiée par des agriculteurs pour « se dégager du temps », attestent des interactions profondes entre les domaines technique et social. C'est bien l'exploration de différentes formes d'interaction entre systèmes d'élevage et travail des éleveurs qui fait l'objet de ce numéro thématique de la revue Cahiers Agricultures, coordonné par Sylvie Cournut (Vetagrosup Clermont Ferrand), Christine Rawski (Cirad Montpellier) et Sophie Madelrieux (Cemagref Grenoble), sur la base d'études réalisées dans le cadre d'un atelier du projet Trans « Transformations de l'élevage et dynamiques des espaces », financé dans le cadre du programme Agriculture et Développement Durable de l'Agence Nationale de la Recherche.