Une expérience de fertilisation a débuté en 1989 dans les Alpes françaises, sur une prairie acidophile située à 2000 m d'altitude, où de la chaux (« chaulage ») et des scories enrichies par chlorure de potassium (« fertilisation ») ont été apportés jusqu'en 1992. Depuis, aucun autre amendement n'a été appliqué. En 2007 nous avons revisité l'expérience et avons observé que le pH du sol était toujours sensiblement plus haut sur les placettes chaulées, alors que les concentrations du sol en azote (N) étaient inférieures dans ces mêmes placettes. Sur les placettes fertilisées, le carbone du sol (C) et les concentrations en N étaient inférieurs comparés aux placettes non-fertilisées. Cependant, la qualité de la litière (concentrations en C et N, données SPIRS) était semblable pour les deux traitements. La composition floristique, mais pas la richesse spécifique, s'est révélée être différente entre les placettes chaulées et non-chaulées, et les placettes fertilisées et non-fertilisées. Ces changements sont probablement dus à la diminution de la proportion de graminées acidophiles autrefois dominantes et à une augmentation des plantes généralistes et meilleures fourragères. Cependant, ces changements n'ont pas influencé la productivité. Les concentrations en N et C et les données de SPIRS ont indiqué une modification de la composition chimique de la végétation en réponse aux traitements. Nous concluons que trois années de fertilisation et chaulage ont influencé la composition floristique et mené à une banalisation de la végétation encore visible 15 années plus tard. Ces changements sont probablement durables étant donné les modifications du fonctionnement du sol qu'ils ont engendrées.