La contamination des systèmes aquatiques par les résidus de pesticides utilisés en milieu agricole peut directement ou indirectement impacter la structure et le fonctionnement des biofilms (algues et communautés microbiennes). Dans les petits cours d'eau, ce biofilm (ou périphyton) peut être considéré comme un indicateur de perturbations de l'écosystème. L'évaluation correcte de l'exposition de ce biofilm aux pesticides implique la mise en ½uvre de leur quantification. Dans cette optique nous avons développé et validé une méthode analytique permettant l'extraction et le dosage par LC-MS-MS de 15 pesticides dans le biofilm. Dans un second temps une expérience de laboratoire a été réalisée pour évaluer la cinétique d'adsorption des pesticides dans le biofilm. Afin de mieux comprendre la réponse à une telle exposition, une mesure des effets associés a été mise en place. La méthode d'extraction et de purification a été développée à l'aide de plans d'expériences, pour identifier au préalable les principaux facteurs affectant les performances de la méthode. Par la suite, les valeurs de ces facteurs ont été optimisées afin d'atteindre des rendements maximum. L'extraction des pesticides dans le biofilm, préalablement lyophilisé, est réalisée par extraction assistée par solvant (Dionex ASE®200). L'extrait est ensuite purifié sur phase solide (Chromabond® HR-X, 200mg, 3mL, Macherey Nagel) et analysé par LC-ESI(+)-MS-MS (API 4000®, AB Sciex). Les performances de la méthode ont été validées selon la norme NF T90-210 (AFNOR, 2009). Les rendements sont compris entre 52 et 120% (CV < 15%, n=10) et les limites de quantification varient de 15 à 350 ng/g poids sec suivant les composés. Les cinétiques d'adsorption des pesticides sur le biofilm ont été évaluées en conditions hydrodynamiques contrôlées. Le biofilm développé en laboratoire sur des cylindres en verre a été mis en contact avec de l'eau contaminée en pesticides et a été collecté après différents temps de contact (0 à 24 heures). Des pesticides comme le diuron, l'azoxystrobine et le dimétomorphe atteignent des niveaux maximum d'adsorption après seulement 60 minutes de contact. Par ailleurs, nous avons pu observer une inhibition rapide de la photosynthèse, corrélée aux quantités de polluants adsorbées dans le biofilm, ce qui reflète l'impact des xénobiotiques adsorbés sur l'état physiologique de ces communautés.