La notion d'inégalité écologique, si elle n'est pas encore érigée en concept, conduit à s'intéresser aux populations - usagers, résidents -concernés par l'exposition aux risques ou l'accès aux ressources et aménités environnementales, et aux impacts sociaux des actions collectives et publiques à visée environnementale (Pye et al., 2008 ; Deldrève, 2011). Comme les inégalités en matière de santé ou d'éducation, elle est pour le sociologue une forme d'inégalité sociale en tant qu'elle se cumule et se mêle à d'autres formes d'inégalités économiques et sociales (Theys, 2007, Laigle et Tual, 2007), dont les composantes ne sont en aucun cas exclusivement sociales (risque nucléaire, éléments paysagers, biodiversité) mais objet d'évaluation et de pratiques de gestion. Les inégalités environnementales font, en sciences sociales, l'objet d'études très récentes destinées à les objectiver pour mieux les définir et les analyser. Notre communication propose de prolonger leur analyse grâce à une problématisation en termes de normes de justice, de sentiments d'équité (Perelman, 1972) en se demandant si elles sont ou non ressenties comme des inégalités environnementales injustes conformément à ce qui se discute en sociologie de l'éducation et du travail (Dubet, 2005 ; Duru-Bellat et Meuret, 2009). Elle propose une problématisation conjointe sous l'angle des jugements de justice destinés à apprécier la hiérarchisation de la société à l'aune de la valeur du Juste. Outre les questionnements ainsi ouverts, elle dégage des premiers résultats. Si les études sur les inégalités environnementales confortent les analyses dans le domaine de l'école et du travail en ce qui concerne les sentiments d'équité (centralité de la norme du mérite, cumulativité des inégalités existantes), en revanche elles s'en distancient en ce qui concerne les jugements de justice dans la mesure où certaines catégories à l'½uvre dans les conceptions de la justice environnementale remettent en cause l'ordre du social au regard notamment des préoccupations pour les générations futures et le monde non humain. En conséquence, ces réflexions menées au nom de la justice environnementale montrent l'importance de considérer la catégorisation alors désignée pour ordonner le social et non seulement les critères socio-économiques de hiérarchisation de la société.