Au-delà de la production de bois, on reconnaît de plus en plus la diversité des bienfaits que les forêts apportent à nos sociétés. Ceci inclut notamment la possibilité offerte à un individu de se rendre en forêt pour pratiquer ses loisirs, aussi nommée « service récréatif ». Bien que les propriétés domaniales se soient toujours vues attribuées une mission centrale en la matière, les politiques forestières ont accordé une attention variable à cette problématique. Ces dernières années toutefois, plusieurs changements significatifs sont intervenus, tant sur le plan institutionnel (la Loi d'Orientation Forestière de 2001 consacre la multifonctionnalité dès son titre I et crée de nouveaux outils de gestion) qu'économique (révision des modalités de financement, émergence de la valeur économique et du principe de « paiement des services environnementaux »). Sur le terrain par ailleurs, les signes d'un tâtonnement sont évidents et les mesures idoines peinent à se mettre en place. Cette évolution (qui n'est pas nécessairement propre à la forêt), nous paraît porter des enjeux de société dont on cerne encore mal l'ampleur. Elle montre que l'intégration d'un service socio-culturel (le service récréatif) dans la gestion forestière, où la dimension productive reste prépondérante, ne va pas de soi. Les formes d'organisations sociales qui se construisent à partir de l'ouverture des forêts au public méritent d'être étudiées et, dans ce domaine, les Sciences Sociales offrent de multiples perspectives. Nous avons abordé cette question à travers plusieurs angles d'approches : l'analyse des dispositifs d'observation, la reconstitution de la valeur économique du service, la définition de contrats incitatifs en forêt privée ainsi que la mise en place d'une Chartre Forestière de Territoire. Nos résultats sont issus de diverses recherches en économie et en sociologie réalisées, entre autres, dans la Région Aquitaine.