Sélection de marqueurs microbiologiques et chimiques de traçage des sources microbiennes. Application à des eaux de rivières potentiellement contaminées par des rejets ponctuels ou diffus en France
Résumé
- Dans le contexte de la Directive 2006/7/CE qui demande de constituer des profils de baignade nécessitant une identification et une hiérarchisation des sources de pollutions fécales, six laboratoires de recherche français se sont associés pour développer une boîte à outils constituée de marqueurs chimiques et microbiologiques destinée à déterminer l'origine humaine ou animale des contaminations des eaux de surface. A l'issue des développements méthodologiques, 14 marqueurs ont été présélectionnés : deux ratios de concentrations de stéroïdes (sitostanol/coprostanol et coprostanol / (coprostanol+ 24-ethylcoprostanol)), deux ratios de fluorescence de la matière organique (GFI et bio/ géo), la caféine, la benzophénone, le TCEP, deux groupes de bactériophages ARN F-spécifiques, constitués des génogroupes humains (II et III) et animaux (I et IV), trois bactéries appartenant à l’ordre des Bacteroidales et spécifiques des humains (HF183), des ruminants (Rum-2-Bac) et des porcins (Pig-2-Bac), Bifidobacterium adolescentis, spécifique des humains et Lactobacillus amylovorus, spécifique des porcins. L’ensemble de ces marqueurs a été appliqué sur 10 eaux impactées par des pollutions humaines et animales bien identifiées et sur 45 eaux de surface dont 15 étaient situées en amont de deux zones de baignade. - Les résultats de l'étude ont montré que la boîte à outils ne peut être utilisée que lorsque le degré de contamination fécale est suffisamment élevé. Ainsi, des résultats exploitables n'ont été obtenus que pour des niveaux de contamination supérieurs à 500 E. coli / 100 mL, en utilisant les marqueurs chimiques tandis que des concentrations en E. coli supérieures à 1 000 bactéries / 100 ml étaient nécessaires pour obtenir des résultats quantifiables avec les marqueurs microbiologiques. - L'interprétation des données statistiques a mis en évidence, dans la plupart des cas, une contamination mixte (humaine et animale) qui s'explique par le contexte géographique des zones traversées par les cours d'eaux étudiés (présence de pâturages de bovins et de rejets de stations d'épuration). Parmi les 14 marqueurs, 5 se sont avérés peu discriminants ou ont manqué de sensibilité. Il est donc possible de réduire la boîte à outils à 9 marqueurs représentés par les deux rapports de stéroïdes, la caféine, le TCEP, les génogroupes humains (II et III) des bactériophages ARN F-spécifiques, les marqueurs Bacteroidales HF183, Rum-2-Bac, Pig-2-Bac et L. amylovorus.