Préserver l’environnement : un effort équitable ?
Résumé
Le droit des générations futures à bénéficier d’un environnement sain, de ses ressources et aménités naturelles, est inscrit dans les textes de référence internationale pour les politiques environnementales. Cette préoccupation semble d’autant moins contestable que la cause environnementale depuis la fin des années 1960 s’est accompagnée d’une objectivation des risques majeurs et des changements globaux. Il semble par conséquent légitime d’attendre de nos contemporains un « effort environnemental » conséquent et multiforme (paiement de taxes, de droits à polluer, tri des déchets, réduction de la consommation…), supporté collectivement ou à titre individuel. Or on sait par ailleurs que la qualité de l’environnement est un élément de discrimination au sein des populations : les inégalités environnementales se cumulent à d’autres formes d’inégalités économiques et sociales, et peuvent participer à la stratification sociale. Comment alors peuvent être lues les inégalités environnementales aux niveaux intra et intergénérationnels ? Nous posons l’hypothèse que l’action publique les considère indépendamment, sans les articuler entre elles. Après avoir donné plusieurs exemples de distribution inégale de biens et maux environnementaux entre populations ou groupes sociaux, nous nous intéressons à la manière dont sont justifiées ces inégalités intra-générationnelles pour préserver l’environnement, puis à la façon dont est appréhendée l’idée de dépendance entre générations.