Bien qu’elle ne fût pas toujours perçue comme une activité majeure de la forêt, la fréquentation semble s’être développée durant ces dernières décennies. Un peu plus tôt, nous avons vu que les premières études d’envergure réalisées à la fin des années 1960 attestaient déjà de l’ampleur du phénomène et que, depuis lors, l’effort d’investigation avait été plus ou moins maintenu. Où en est-on aujourd’hui ? Que sait-on de cette « demande sociale » de loisirs, dont l’existence peut désormais difficilement être niée ? Est-on capable de dresser un profil des visiteurs, de leurs pratiques, de leurs attentes ? Sait-on seulement combien d’individus fréquentent les forêts ? Sans entrer dans un raffinement extrême des comportements sociaux, il s’avère déjà que les réponses aux questions les plus basiques (qui vient ? quand ? où ?) sont loin d’être évidentes. Les sources d’informations ne convergent pas nécessairement et certaines ambiguïtés demeurent. La fréquentation des forêts est un objet d’étude dont l’observation suppose des méthodes et des protocoles rigoureux et ce d’autant plus que le caractère « libre » et informel de la pratique complique considérablement son suivi. En même temps, on ne peut totalement nier l’existence de certaines investigations. Pour illustrer cette question, nous allons nous pencher plus spécifiquement sur les analyses quantitatives (en particulier celles menées à l’échelle nationale) décrivant les pratiques et les usages. Certes, ces travaux n’apportent qu’une vision partielle du phénomène mais leur dimension « chiffrée » leur confère une force supplémentaire et, par là même, une place centrale au sein du débat public. Nous nous focalisons principalement sur les aspects méthodologiques et les résultats fournis, en laissant provisoirement de côté les postures théoriques et disciplinaires. Après avoir rappelé les grands principes de la démarche quantitative, nous dressons un bilan de l’observation des forêts telle qu’elle est actuellement pratiquée en France avec ces méthodes. Cela passera notamment par une comparaison avec des expériences étrangères ou les initiatives d’autres gestionnaires d’espaces naturels. Nous croiserons ensuite les résultats de diverses études, passées ou plus récentes, afin de dégager quelques traits importants de la fréquentation des forêts françaises. En filigrane, l’usage et l’instrumentalisation de ces informations s’en trouve naturellement questionnés.