Articulating research and expertise: insights from the case of biodiversity studies
Les conditions de l’articulation entre recherche et expertise : le cas des recherches sur la biodiversité
Résumé
Literature in science studies and policy studies has paid much attention to the way scientific expertise should be organised in order to be helpful for political decision-making. But less attention was paid to the way scholars in practice invest - or not – in technical support, advice or expertise activities. Drawing on the case of the emerging research field on biodiversity, we want to show that scholars’ investment in technical support, advice or expertise towards managers and deciders is related to the strategies researchers develop to articulate these activities with the rest of their research work. We draw on the notion of articulation developed by Fujimura (1987). We will firstly describe the specific case of the field of biodiversity studies; we will then highlight two types of conditions influencing the scholars’ investment in expertise activities, at the level of the organization of research work and at the level of its development (publications). At the organizational level, expertise activities have to be compatible with time and staff management and with the practical conduct of empirical investigations. At the level of development, expertise activities have to accompany scholars’ ability to develop research results by publishing. These results contradict the idea that seniority or individual convictions are the main parameters explaining scholars’ investment in expertise: instead, they stress the importance of academic organisational logics and professional norms.
L’organisation de l’expertise scientifique à destination politique a donné lieu à toute une littérature normative à la frontière entre sociologie des sciences et sociologie politique. En revanche, rares sont les travaux qui s’attachent à éclairer de manière pragmatique la façon dont les scientifiques s’investissent – ou pas – dans des activités de conseil, de support et d’expertise. A partir de l’exemple du champ de recherches émergent sur la biodiversité, nous entendons ici montrer que l’investissement des chercheurs dans des activités de conseil, support ou expertise à destination des gestionnaires est tout particulièrement liée aux stratégies qu’ils développent, ou pas, pour articuler ces activités avec le reste de leur travail de recherche. Nous nous appuyons ici sur la notion d’articulation telle qu’elle a été développée par Fujimura (1987). Après avoir décrit certaines spécificités des biodiversity studies, nous mettons en lumière deux niveaux conditionnant l’investissement dans l’expertise, le niveau de l’organisation du travail et celui de sa valorisation. Au niveau organisationnel, il s’agit que la réalisation des activités d’expertise puisse être rendue compatible avec la gestion du temps et du personnel de travail ainsi qu’avec l’organisation logistique des investigations empiriques ; au niveau de la valorisation du travail, il s’agit qu’elles puissent s’accompagner de la possibilité de valoriser des résultats par la publication. Ces résultats permettent de nuancer l’idée que les convictions personnelles ou l’ancienneté au sens strict sont les paramètres essentiels de l’investissement des chercheurs dans l’expertise et soulignent le poids des logiques organisationnelles et des impératifs professionnels du monde académique.