Dans cette communication, nous présentons la démarche proposée par le projet de recherche COLLENER (ANR, 2012-2015), visant à saisir la transition énergétique à partir de la compréhension des modalités d’émergence et de déploiement des nouvelles technologies de l’énergie, ce qui inclut la valorisation énergétique de la biomasse forestière. Le postulat de base est que le potentiel de la transition ne se restreint pas à un « potentiel technologique », qui serait simplement à mettre en adéquation avec des scénarios quantifiés, mais suppose une construction qui émergerait à travers des processus de recompositions sociales, institutionnelles et territoriales (Nadai et Labussière, 2011). Autrement dit, il fait porter l’analyse sur les collectifs sociotechniques qui sous-tendent cette émergence. Pour le bois énergie, l’Aquitaine est une des deux zones d’études retenues. A ce stade de la recherche, nous nous limiterons à avancer quelques pistes exploratoires. Nous reviendrons tout d’abord sur les spécificités de la biomasse forestière par rapport à d’autres EnR, et notamment le fait que sa valorisation énergétique vient en concurrence d’autres usages. Des enjeux d’autant plus importants en Aquitaine qu’il existe une importante filière bois-papier et que les tempêtes de 1999 et 2009 ont généré de fortes tensions sur la ressource. Ensuite, on s’interrogera sur les modalités socioéconomiques du déploiement des technologies : est-ce que le bois énergie s’inscrira dans les logiques et réseaux existants de la filière bois-papier ou est ce qu’il sera l’occasion d’une recomposition plus profonde de ce réseau sectoriel avec de nouvelles pratiques sylvicoles et/ou de nouvelles coalitions d’acteurs, par exemple, entre producteurs et collectivités locales ou encore, entre industriels et énergéticiens ?