Recent and future evolution of the silvopastoral landscape in the Jura Vaudois
Evolution récente et future des paysages sylvo-pastoraux du Parc Jurassien Vaudois
Résumé
Land-use management in silvopastoral landscapes is particularly complex because such ecosystems depend on a subtle equilibrium in the management scheme which aims to provide various ecological goods and services such as fodder, timber and biodiversity, as well as areas for leisure and attractive scenery. In this study we investigated land-use changes in the Parc naturel régional Jura vaudois, and the changes in tree cover density in two pastures using land-use statistics and aerial photographs. A prospective modelling approach was also undertaken on one pasture to assess changes in the landscape structure under two climate scenarios. A general tendency towards segregation between closed forests and open pastures was observed. The agriculture policy has markedly influenced the dynamics of tree cover density, but this effect depended very much on the local situation, for example, the proximity of a village, which allows a better optimization of farm management. The simulation of future development of these landscapes suggests that one might expect large changes in the structure and composition of the vegetation because of climate change. In the long run, areas of high tree densities will expand, and spruce will give way to beech and pine, depending on the warming intensity. Nevertheless, adaptation to new environmental conditions for sustaining ecological goods and services will call for management measures appropriate to the intensity of climate change. Furthermore, an active adaptive management based on experimentation and innovation, as well as allowing collaboration between scientists and land managers will be required to face and mitigate the ecological problems associated with climate change.
L’utilisation des paysages sylvo-pastoraux est particulièrement délicate, car leur existence dépend du subtil équilibre de leur gestion qui vise à fournir différents biens et services écologiques, allant de la production d’herbe et de bois à la promotion de la biodiversité, ainsi qu’à la mise à disposition d’aires de détente et de paysages attractifs. Dans cet article, nous présentons une analyse rétrospective, basée sur les données statistiques du territoire, des changements d’utilisation des sols du Parc naturel régional Jura vaudois entre 1985 et 2009, et une analyse rétrospective de la couverture du boisé dans deux pâturages du Jura vaudois par analyse de cinq séries de photographies aériennes anciennes entre 1934 et 2000. Une modélisation prospective sur le long terme (2001 à 3000) est ensuite présentée pour un pâturage de manière à évaluer les changements de paysage selon deux scénarios climatiques de réchauffement et trois variantes de gestion forestière. Les résultats de l’analyse rétrospective montrent une certaine résilience de la structure des paysages sylvo-pastoraux dans la région de montagne du Jura vaudois par rapport aux zones de plus basse altitude, malgré une tendance à la ségrégation entre forêts fermées et pâturages. Les politiques agricoles ont marqué la dynamique des taux de boisement, mais de manière différenciée selon la situation locale, par exemple celle de la proximité d’un village qui permet une meilleure rationalisation de l’exploitation, ou celle de l’éloignement qui favorise l’abandon. Les simulations de l’évolution future de ces paysages suggèrent qu’il faut s’attendre à des changements radicaux dans la composition et la structure de la végétation, provoqués par les changements climatiques. Sur le long terme, les zones à forte densité de boisé auront tendance à s’étendre, et l’épicéa cédera la place au hêtre et/ou au pin sylvestre, selon l’intensité du réchauffement. Pour assurer la durabilité des services des écosystèmes, l’adaptation à ces nouvelles conditions environnementales nécessitera des mesures de gestion qui dépendront elles-mêmes de l’intensité des changements climatiques. Seule une gestion adaptative active, basée sur l’expérimentation et l’innovation, et associant scientifiques et gestionnaires, permettra de limiter l’ampleur des effets des changements climatiques.