Les évolutions morphologiques d’un site caractérisé par la présence d’une île en rive gauche et une végétalisation du chenal secondaire sont analysées avec différentes approches afin d’illustrer la complémentarité des méthodologies. L’étude se concentre sur les évolutions entre 1995 et 2011 et se base sur les données acquises par la DREAL Centre dans le cadre du SIEL (Système d’Information et d’Evolution du Lit). Le site de Cosne-sur-Loire est localisé en rive droite de la Loire à une quinzaine de kilomètres en amont de la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire. L’île de Cosne est séparée du lit majeur par un bras secondaire uniquement en eau en période de crue. Ce bras est barré à l’amont par un ouvrage transversal (chevrette) anciennement construit pour favoriser la navigation dans le chenal principal. Ce site a été affecté par quatre sites d’extractions de granulats en lit mineur ou en chenal secondaire et a fait l’objet de travaux de restauration depuis 2003. L’analyse des lignes d’eau d’étiage révèle une stabilité sur l’amont du site, qui est vraisemblablement liée à la présence de blocs siliceux affleurant. En amont du pont de Cosne, un abaissement de la ligne d’eau est visible entre 1995 et 2002 avant un rehaussement entre 2003 et 2011, qui semble être le résultat des travaux de restauration. Les lignes d’eau de crue sont également étudiées ; la crue de décembre 2003 a ainsi atteint une hauteur supérieure à celle enregistrée lors de l’épisode de la crue de 1907 alors que le débit de l’épisode de 2003 était inférieur. Les largeurs de bande active sont relativement stables sur la période considérée (1995 – 2011), sauf localement, où une végétalisation en rive droite est constatée. En complément de cette analyse, les photographies aériennes sont étudiées afin de distinguer de façon simplifiée les zones présentant des faciès de végétation particuliers. Entre 1995 et 2011, on note ainsi un développement de la végétation sur les bancs de sable et un léger engraissement des îles. En complément de cette analyse des données, une modélisation hydro-sédimentaire unidimensionnelle a été réalisée avec le logiciel RubarBE afin de pouvoir estimer le transport sédimentaire sur la période considérée. Un dépôt est constaté sur l’ensemble du secteur. Un calcul de bilan sédimentaire est également conduit et donne des estimations de dépôts supérieures aux résultats de la modélisation numérique. Les vitesses et les contraintes hydrodynamiques dans le chenal principal sont également déterminées pour différentes valeurs de débits afin d’améliorer la compréhension des processus hydro-sédimentaires. Malgré les hypothèses de calcul inhérentes à la modélisation qui restent discutables pour un secteur aussi complexe, les valeurs obtenues permettent de quantifier les évolutions du site de Cosnes. Les approches géomorphologiques et de modélisation fournissent ainsi une analyse des évolutions et une meilleure compréhension des processus nécessaire aux gestionnaires pour la planification des travaux de restauration et de suivi de la Loire moyenne et de ses aménagements.