La valorisation des effluents par la production d’énergie et le recyclage des nutriments, dont le phosphore (P), est devenue une priorité. La majorité des systèmes actuels est conçue pour recycler le P dissous alors qu’une fraction importante du P recyclable se trouve dans la fraction solide des effluents. C’est le cas des effluents d’élevage, de certains effluents agro-industriels ou des boues issues du traitement des eaux usées. Dans le cadre du projet ANR Phosph’OR, un pilote de recyclage du P de la fraction solide des effluents a été construit à l’échelle du laboratoire. Ce pilote inclut une étape de dissolution du P de la fraction solide, une séparation solide/liquide et une étape de précipitation par ajout de magnésie. Le pH, l’agitation et la concentration en ammonium déterminent la qualité de l’effluent final ainsi que la quantité et la composition du solide formé. Le pilote a été testé avec du lisier de porc issu d’un élevage industriel et avec un effluent synthétique de composition ionique similaire au lisier. Ces essais ont montré que l’étape de dissolution permettait de recouvrer en solution environ 80% du P des lisiers de porcs initialement présent dans la fraction solide. Environ 99% du P recouvré est ensuite recyclé sous forme d’un mélange de struvite (MgNH4PO4, 6H2O), de phosphate calcique et d’oxyde de magnésium. D’autres tests ayant pour objectif d’optimiser le temps de séjour des cristaux et le temps de séjour hydraulique, et visant ainsi à préciser les effets observés sont en cours. La biodisponibilité du P du solide récupéré va être testée par l’INRA dès cette année. Le procédé est en cours d’évaluation sur des effluents d’industries agro-alimentaires et son adaptation aux installations de digestion de boues de STEP est à l’étude.