Les modèles déterministes dans la territorialisation de la continuité écologique. Le cas des opérations de restauration sur les deux Morin
Résumé
L’objet de ce chapitre est de montrer jusqu’à quel point deux systèmes de référence, scientifique et politique, peuvent être hybridés pour penser une gestion des milieux aquatiques dans un contexte d’incertitude. La démarche adoptée dans cette étude s’appuie notamment sur les réflexions de Fleck (1935) s’agissant des collectifs de pensée. Notre hypothèse est donc que la rencontre entre ces deux communautés peut potentiellement produire une pensée différente, «hybride», qui peut être favorisée par la mise en place d’un langage commun, servant de passerelle entre ces deux collectifs de pensée. L’expérience rapportée ici repose sur l’idée que les modèles physiques, et plus largement les modèles déterministes que proposent les chercheurs, peuvent être construits comme des vecteurs de traduction 1(Akrichetal., 2006) de connaissances et d’intérêts hétérogènes au sein des communautés, et aussi entre les communautés de scientifiques et de gestionnaires. Ces modèles peuvent, sous certaines conditions, permettre des déplacements cognitifs et instrumentaux (pensée et langage) chez les acteurs et sont à même d’accompagner les décisions dans un monde incertain (Callon et al ., 2001). Afin de co-construire ces vecteurs de traduction de connaissances, des ateliers d’échange entre scientifiques et gestionnaires ont été organisés. L’évaluation des opportunités offertes par les modèles a alors été possible, car il avait été prévu dès la mise en place des ateliers un dispositif d’observation extérieur à cette expérience.