Mise en place d’un observatoire du lessivage du nitrate en AB dans le bassin de la Seine
Résumé
Les pratiques intensives de l’agriculture conventionnelle (AC) des années 70, ont entrainé une contamination nitrique importante des aquifères, des eaux de surface et de l’atmosphère, due aux engrais de synthèse. En effet, les essais de longues durées de l’Institut National de Recherche Agronomique (INRA) des années 90, qui ont étudié les concentrations sous-racinaires sur grandes cultures AC dans le nord de la France, conduisent à une moyenne de 25 mg N-NO3.L-1 avec ± 4 mg N-NO3.L-1 selon différents types de sols, de cultures et de conditions climatiques, sachant que la norme de potabilité est de 11 mg N-NO3.L-1. Depuis, la directive « nitrates » (1991) qui a mis en oeuvre un code de « bonnes pratiques agricoles » et la directive cadre européenne sur l’eau (2000) qui impose le « bon état » chimique des eaux souterraines d’ici décembre 2015, la question de l’agriculture biologique (AB), qui utilise uniquement des engrais organiques, se pose comme alternative pour limiter les contaminations nitriques. Toutefois les données concernant les réelles contaminations en AB manquent. Pour y pallier, le projet ABAC (DIM ASTREA-AESN) en lien avec le PIREN-Seine s’est donné pour objectif d’équiper des exploitations agricoles et des sites expérimentaux de grandes cultures dans plusieurs pôles pédoclimatiques du bassin de la Seine, afin de pouvoir quantifier les concentrations et flux sous-racinaires dans des systèmes AB du nord de la France. Les pôles pédoclimatiques se situent à ce stade de l’étude à l’est de Paris (Brie, Seine-et-Marne) ; au nord (plateau Picard, Oise) ; au nord-ouest (essai de la Motte, ferme de Villarceaux, Val d’Oise et essai de la Cage, INRA Versailles) ; au sud, dans l’Yonne et l’Essonne. Depuis 2011/2012, deux exploitations ont été suivies en Seine-et-Marne (77) et dans l’Oise (60). Aujourd’hui, ces deux pôles comprennent deux exploitations AB, converties depuis 3 et 10 ans, ainsi qu’une exploitation en AC. Les rotations AB ont une moyenne de huit ans [1.luzerne ; 2.luzerne ; 3.blé ; 4.céréales secondaires ; 5.céréales secondaires ; 6.féverole ; 7.blé ; 8.céréales secondaires] et en AC de 3 ans [1.Blé ; 2. Maïs ; 3.Colza]. Dans chaque exploitation, tous les termes de la rotation sont équipés de six bougies poreuses verticales à une profondeur de 90cm. Les bougies poreuses permettent d’aspirer l’eau sous-racinaire, via une mise-sous vide préalable du dispositif. Les prélèvements sont effectués une fois par semaine dès le début de la saison hydrologique puis tous les quinze jours selon les épisodes pluvieux. Nos premiers résultats (2011-2012) montrent que les concentrations sous-racinaires en AB sont maximales lors des premières pluies drainantes, avec un minimum de 0,6 mg N-NO3.L-1 pour la luzerne de première année et un maximum de 45,5 mgN-NO3.L-1 pour le blé de luzerne. De plus, les deux exploitations présentent des concentrations sous-racinaires similaires selon le type de cultures, soit de 14 mg N-NO3.L-1 pour les blés post 2 ans de luzerne ; 7 mg N-NO3.L-1 pour les céréales post-légumineuses et de 3 mg N-NO3.L-1 pour les légumineuses (luzerne, féverole). Ces résultats sont encore préliminaires mais seront complétés en 2013 pour prendre en compte la variabilité liée aux années climatiques, aux itinéraires techniques AB/AC et aux différents types de sol. L’équipement ainsi que le suivi des différents pôles seront prolongés avec l’aide des agriculteurs et des organismes de recherches (INRA-Laon, INRA-Versailles-Grignon, INRA-Mirecourt, Irstea Antony) et agricoles (FNAB, GAB, Chambre d’Agriculture de Seine-et-Marne, Arvalis) afin de consolider et de multiplier nos premiers résultats.
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