La Directive Cadre sur l’Eau adoptée en 2000 pose comme objectif l’atteinte d’un bon état écologique de l’ensemble des masses d’eau en 2015. Parallèlement, le Grenelle de l’Environnement a identifié plus de 500 captages parmi les plus menacés par les pollutions diffuses. Dans ce cadre, sont définis des zones de protection des aires d’alimentation de captage et des programmes d’action. Les travaux présentés sont menés dans le cadre d’une action de recherche en cours « Emergence et pérennisation des arrangements coopératifs dans les aires d’alimentation de captage », financée par l’ONEMA. L’objectif est d’identifier les facteurs favorisant ou contraignant la coopération entre producteurs d’eau potable et acteurs agricoles pour le contrôle des pollutions diffuses d’origine agricole dans les aires d’alimentation de captage. Le cadre SES « Socio-Ecological Systems Framework » développé par E. Ostrom (2007 ; 2009) est mobilisé pour identifier les facteurs jouant sur les bénéfices et les coûts associés à l’action collective impliquant producteurs d’eau potable et agriculteurs. Sur la base d’une revue de la littérature et d’entretiens auprès de 12 acteurs-ressource à l’échelle nationale et des bassins versants, une première analyse a permis de caractériser quatre grands types d’arrangements coopératifs. Le premier type d’arrangement correspond à la coopération entre producteurs d’eau potable (collectivités et/ou entreprises privées) et organisations agricoles pour l’animation des démarches de protection des aires d’alimentation de captage. Ce type d’arrangement correspond au cas de coopération le plus fréquemment observé. Les autres types d’arrangements, (i) implication du producteur d’eau potable dans la mise en ½uvre du volet agricole des démarches de protection des aires d’alimentation de captage, (ii) baux ruraux environnementaux et (iii) appui des collectivités au développement de filières, sont relativement moins fréquents. Plus particulièrement, les contrats directs impliquant producteurs d’eau potable et agriculteurs, correspondant au cas « pur » d’arrangement coopératif (Brouwer et al., 2003), n’ont qu’une importance marginale dans le contexte français. L’analyse réalisée a également permis d’identifier un premier ensemble de facteurs susceptibles d’affecter l’émergence et la pérennisation de l’action collective impliquant les producteurs d’eau potable et les acteurs agricoles. Ces facteurs serviront d’hypothèses pour l’étude approfondie de cas d’arrangements coopératifs dans la deuxième phase de l’étude.