The ecological intensification of livestock farming: which challenges for which processes of change in the territories?
MOUVE : les interactions élevage et territoire dans la mise en mouvement de l'intensification écologique. Compte-rendu de fin de projet (Projet ANR-2010-STRA-005-01)
Résumé
The ecological intensification of livestock farming: which challenges for which processes of change in the territories? 1. The forms and conditions of an ecological intensification of livestock farming in the territories The Mouve project aims to produce knowledge on the forms and conditions of an ecological intensification (EI) in the breeding of herbivores in territories belonging to regions described as “difficult” (i.e. in which the message about technical intensification of the Glorious Thirty (1945-1975) had only had a limited impact). The Mouve project proposes that livestock farming and the territory should be considered as entities in interaction i) by hypothesizing that the “territorial” dimension involves considering the different viewpoints of heterogeneous players involved locally in livestock farming, who formulate expectations relating to varied dimensions of the livestock farming activity, to the resources it mobilizes, to the products and distribution networks it provides, to the ecosystem services targeted; ii) by considering the dynamics of public policies (with more consideration for the market and the environment) as well as the changing relationships of chains to the local level. This project comes within the frontline research of the Livestock Farming Systems community, i.e. research which considers the players, their expectations and their actions, who place emphasis on the dynamics and diversity of livestock farming in relation with biotechnical and ecological functioning. 2. An approach that is territorial, interdisciplinary and comparative This research combines an approach i) to the territory which is both a space and a group of players “on hold with respect to livestock farming”, with whom future scenarios are discussed; ii) to the environmental dimensions of collective actions relating to animal products; iii) to the dynamic of family-farm systems; iv) to tensions relating to the profession of the livestock farmer, their relation to resources and natural processes (the grassland) and the productivity of the herds; v) to the dynamic of sectors and public policies, and finally vi) exploring ecosystem services related to grassland resources. The approach is interdisciplinary (agronomic science, ecology, sociology, geography) and comparative. Eight territories make up the comparison base: France (4 mountain environments), Uruguay (Pampas), Brazil (Amazonia), Senegal (Ferlo) and Morocco (Arganeraie). They cover a broad range of landscapes (methods of livestock-cropping-forestry interaction) and livestock farming dynamics (development, regression, relocation). 3. Major results With respect to livestock farming, the players’ expectations in turn question: i) the production models (the dominant model or alternative models), ii) the spatial layout at territory level and its impact on ecosystems, iii) the modalities for collective actions, iv) the sustainability of livestock farms. In the territories studied, there is now not a single place of governance which would have the capacity to think globally about the management of space to improve production/environment relations or to mobilize the concept of ecological intensification, which is very little used. As a result, the challenges and the methodologies for guiding change are quite varied insofar as i) they can engage more or less strong dynamics of ecologization and performance improvement at the scale of the farm (or of the production model) in a context of the defamiliarization of the livestock farming activity and powerful identity tensions; ii) they target the preservation and collective management of ecosystem services at larger spatial scales as well as the promotion of an ecological base for collective actions aimed at promoting products (geographical indications or in short distribution channels). Intensification is not absent: it is even a process to be found on our sites, and which has long remained on the fringe of traditional developments. So the EI concept questions the means of this intensification, in particular the relation with natural resources. It thus contributes to taking a new look at the dominant production models and to reclaiming the technical field by research. But it gives way to other subjects (agro-ecosystem, interface with the forest, niche model, family farm…) and other concepts (sustainability) at territorial scale, where a diversity of players make themselves heard and where the coexistence of sectors endlessly remodels the relation with the global and with the local. The Mouve project is a stage in the consolidation of a community of research into livestock farming-territory interactions. It also has the ambition, with arguments, to ensure that the territorial fact of livestock farming is recognized in international forums which are planning the future of livestock farming.
L’intensification écologique de l’élevage : quels enjeux pour quels processus de changement dans les territoires ? 1. Les formes et conditions d’une intensification écologique de l’élevage dans les territoires. Le projet Mouve a pour objectif de produire des connaissances sur les formes et les conditions d’une intensification écologique de l’élevage d’herbivores dans des territoires relevant de régions qualifiées de « difficiles » (c’est-à-dire dans lesquelles le message d’intensification technique des Trente Glorieuses n’avait eu qu’un impact limité). Le projet Mouve propose de considérer l’élevage et le territoire comme des entités en interaction i) en faisant l’hypothèse que la dimension « territoriale » implique de considérer une diversité de points de vue d’acteurs hétérogènes concernés localement par l’élevage, lesquels formulent des attentes portant sur des dimensions variées de l’activité d’élevage, des ressources qu’il mobilise, des produits et circuits commerciaux qu’elle fournit, des services écosystémiques cibles ; ii) en considérant les dynamiques des politiques publiques et des actions collectives (avec plus de considération pour le marché et l’environnement) ainsi que le changement dans le rapport des filières au local. Ce projet s’inscrit dans les fronts de recherche de la communauté des Livestock Farming Systems, c’est-à-dire des recherches qui considèrent les acteurs, leurs attentes et leurs actions, qui mettent l’accent sur les dynamiques et la diversité de l’élevage en relations avec les fonctionnements biotechniques et écologiques. 2. Une approche territoriale, interdisciplinaire et comparative. Cette recherche combine une approche i) du territoire à la fois espace et ensemble d’acteurs « en attente vis-à-vis de l’élevage », avec qui se discutent des scénarios d’avenir ; ii) des dimensions environnementales actions collectives portant sur les produits animaux ; iii) des dynamiques des systèmes famille – exploitation ; iv) des tensions portant sur le métier d’éleveur, leur rapport aux ressources et processus naturels (le pâturage) et à la productivité des troupeaux ; v) des dynamiques des filières et des politiques publiques, et enfin vi) exploratoire des services écosystémiques liés aux ressources prairiales. L’approche est interdisciplinaire (sc. agronomiques, écologie, sociologie, géographie) et comparative. Huit territoires constituent la base de comparaison : France (4 milieux montagnards), Uruguay (Pampa), Brésil (Amazonie), Sénégal (Ferlo) et Maroc (Arganeraie). Ils couvrent une large palette de paysages (modalités d’interaction élevage-cultures-forêt) et de dynamiques d’élevage (développement, régression, relocalisation). 3. Résultats majeurs Les attentes des acteurs vis-à-vis de l’élevage questionnent tour à tour : i) les modèles de production (le modèle dominant ou des modèles alternatifs), ii) les agencements spatiaux à l’échelle de territoires et leur impact sur les écosystèmes, iii) les modalités des actions collective, iv) la pérennité des exploitations d’élevage. Il n’y a plus, dans les territoires étudiés, un seul lieu de gouvernance qui détiendrait la capacité à penser globalement la gestion de l’espace pour améliorer les relations production/environnement ou mobiliserait la notion d’IE, très peu usitée. Les enjeux et les méthodologies d’accompagnement du changement sont en conséquence assez divers dans la mesure où i) ils peuvent engager des dynamiques plus ou moins fortes d’écologisation et d’amélioration des performances à l’échelle de l’exploitation (ou du modèle de production) dans un contexte de défamiliarisation de l’activité d’élevage et de tensions identitaires fortes ; ii) ils visent la préservation et la gestion collective de services écosystémiques à des échelles spatiales plus grandes, ainsi que la promotion d’un ancrage écologique dans le cadre d’actions collectives visant la promotion des produits (indication géographique ou circuits courts). L’intensification n’est pas absente : elle est même un processus présent dans nos terrains, longtemps restés en marge des orientations de développement classiques. Le concept d’IE questionne alors les moyens de cette intensification notamment le rapport aux ressources naturelles. Il contribue ainsi à réinterroger les modèles de production dominants et à réinvestir le champ technique par la recherche. Mais il s’efface derrière d’autres objets (agroécosystème, interface avec la forêt, modèle de niche, exploitation familiale) et d’autres concepts (durabilité) à l’échelle territoriale, là où une diversité d’acteurs s’exprime et où la coexistence de filières remodèle sans cesse le rapport au global et au local. Le projet Mouve constitue une étape dans la consolidation d’une communauté de recherche sur les interactions élevage–territoire.