Longtemps perçus comme des lieux privilégiés producteurs de liens sociaux conviviaux, les espaces ruraux sont à présent touchés par des processus de fragmentation sociale tout en restant largement attractifs aux yeux de leurs nombreux visiteurs. Quelles sociabilités produisent ces dynamiques et quelles catégories sociales concernent-elles ? A partir d’enquêtes réalisées en Dordogne, département exemplaire du réinvestissement actuel des campagnes, les logiques de cohabitation à l’½oeuvre seront analysées au prisme de diverses situations : relations de voisinage, marchés, accueil à la ferme… Vincent Banos et Jacqueline Candau montreront que l’emprise des qualifications patrimoniale et écologique de ces espaces rend invisibles les catégories sociales les plus modestes et repose notamment sur la valorisation de l’autochtonie. Cette dernière, observée au cours des échanges entre les usagers du rural périgourdin, est définie comme une production sociale fabriquée entre « autochtones » et « allochtones » qui engage des valeurs structurelles de notre société. Elle est aussi génératrice de ressources disputées et inégalement réparties.