Réforme silencieuse, la suppression de l’ingénierie publique est pourtant déterminante dans l’évolution de la gestion locale de l'eau. Elle illustre bien les recompositions contemporaines de l’Etat et permet de mettre en lumière certains paradoxes des réformes d’inspiration néo-managériale. Au-delà des conséquences en termes de perte d’expertise et d’effritement d’un réseau relationnel établi avec les collectivités territoriales, cette réforme occasionne de la part des agents et des services déconcentrés du ministère de l’Agriculture des stratégies d’adaptation et des effets inattendus : au final, un transfert des missions qui ne se fait que partiellement au bénéfice du secteur privé, des missions régaliennes fragilisées et une rationalité économique limitée.